En allant de Montesquieu-Volvestre vers le Couserans, en passant par le village de La Croix-Volvestre on quitte la vallée de l'Arize
et ses beaux poissons
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l'Eglise Saint-Jean Baptiste |
pour continuer sur une route de campagne qui longe la vallée du Volp, petite rivière sinueuse et champêtre, bordée de prés, un paysage pastoral où nous ne rencontrons âme qui vive. Et soudain, au détour de la route, quelques maisons et une très belle église rustique romane : Mérigon, est le nom du village, dommage, l'église est fermée nous ne pouvons que l'admirer de l'extérieur. On est aux portes du Couserans.
Ce nom peu commun viendrait de Meric = nombril en idiome local. Mérigon faisait partie du temporel des évêques du Couserans, une colonie de Saintongeais et de Poitevins s'y implanta vers le 15ème siècle en raison de l'influence du couvent de Sainte Croix dépendant de l'abbaye de Fontrevrault. Mérigon avait son château, brûlé pendant la guerre de cent ans, reconstruit et pris par les protestants en 1572, et définitivement détruit fin 16 ème. L'église Saint Jean Baptiste et son pittoresque mur-clocher existait déjà en 1630, elle fut restaurée fin 17 ème.
Notre Dame de la Goutte
Il ne reste à présent que quelques kilomètres pour arriver au but de cette excursion : l'étonnante chapelle Notre dame de la Goutte à Montardit.
Cet ensemble, qui fait penser à un enclos paroissial breton, fut l'oeuvre d'un homme. L'abbé Jean-Marie Piquemal, prêtre bâtisseur dont la foi, on peut le dire, souleva, sinon des montagnes, du moins des pierres s'apparentant parfois à de véritables mégalithes.
La goutte est un lieu-dit qui fait référence à un petit ruisseau au débit très faible. Montardit avait son église, mais elle était difficile d'accès pour des personnes âgées et l'abbé voulait un lieu de prière qui soit accessible à tous. D'une salle banale construite dans un premier temps, tout en béton, le prêtre eut l'idée de faire une chapelle rustique et montagnarde, en habillant d'abord l'intérieur, doublant les murs de pierre et de galets, puis l'extérieur.
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L'abbé Jean-Marie Piquemal (1924 à Liers-15 mai 2001 à Montardit) |
"Je n'avais personnellement aucune disposition pour construire une chapelle; j'appris à manier le burin, à faire le mortier, et j'étais sans le sou".
"La chapelle Notre Dame de la Goutte est une construction très pauvre, faite avec peu de moyens. J'ai fait une chapelle selon moi…. Je me suis mis à ramasser des cailloux, un peu partout. Puis j'ai cherché un maçon, petit à petit nous avons continué tous les deux".
"Ensuite je trouvais des pierres. "dans les ruines, dans le Volp, dans d'autres ruisseaux."
Ces pierres il les taille lui-même, plus tard il fit le parterre avec des pierres plates récupérées dans les ruisseaux. L'entrée de la chapelle est abrité par un porche , au pignon un petit campanile surmonté d'une croix.
L'
l'entrée de l'enclos.
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l'intérieur , les arcades du Maître-autel
ont été réalisées par Jean-Marie |
"Les pierres pour le maître-autel "ne sont jamais trouvées à la bonne dimension, il fallait les tailler, les partager." La dalle de l'autel fut trouvée dans un bois.
"Les bancs ont été montés par un homme de Lara, Monsieur Seillé. Les plateaux, je suis allé les chercher chez Naudin, actuel maire de Montardit, scieur de métier, qui ne pouvait les vendre à cause des nombreux noeuds. Les montants sont de vieux chevrons, en mauvais état, récupérés dans une maison en démolition."
sur le mur droit trois vitraux composent une seule scène : La Nativité.
Au centre, la vierge, Joseph et l'enfant Jésus et la tête de l'âne, à gauche et à droite, les bergers.
vers le choeur toujours sur le mur droit, quatre autres vitraux regroupés composent sur le même principe une seule scène : La Cène.
coté gauche, les vitraux sont plus petits,
La rencontre du Christ avec sa mère au calvaire
Jesus et le centurion
La tempête apaisée
une guérison
Le Massacre des innocents et la Fuite en égypte
Tous ces vitraux sont faits de verre peint aux couleurs vives.
De part et d'autre de la porte d'entrée de la chapelle 4 vitraux entourés de verre cathédrale de couleur, contribuent aussi à l'atmosphère colorée et chaleureuse de la chapelle.
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Jesus et la Samaritaine |
le thème de l'eau est présent dans deux d'entre eux.
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Le Baptême de Jesus |
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Jesus enseignant la doctrine |
les deux autres représentent Jesus enseignant la doctrine, et la Vierge et l'Enfant.
enfin quatre oculus accueillent de très beaux vitraux circulaires non figuratifs, insérés au-dessus des niches latérales (Nativité, Crucifixion, Font Baptismaux, et Lourdes). Ces vitraux furent commandés à un verrier qui habite la région de Chartres et qui participa à la restauration de sa cathédrale.
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niche de la crucifixion et son vitrail |
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fonts baptismaux |
tableaux naïfs réalisés en fer forgé représentant la nativité et la fuite en égypte, ils encadrent la niche de la nativité.
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détails du tableau de la nativité |
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niche de la nativité faite de cailloux, personnages en bois sculptés
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Les croix
"La chapelle possède, extérieurement et intérieurement, un grand nombre de croix. Une seule suffirait me dit-on parfois. C'est vrai… Mais j'étais obsédé par la Croix du Christ, je le suis toujours. Je ne peux me sortir de la tête la flagellation, le couronnement d'épines, les tortures atroces de la crucifixion."
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Christ en croix extérieur avec
Jean à ses pieds |
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Christ dans une mandore
sur une croix en fer forgé. |
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Christ en Croix en fer forgé
entouré de Jean et de Marie |
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calvaire extérieur avec au sommet
un Christ stylisé en fer forgé. |
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croix intérieure composée
entre autre
de deux haches pour les bras,
dessus un Christ en laiton |
La plupart des croix sont faites avec des matériaux récupérés, chenêts, ancres de marine, pioches, outils agraires. Christ récupérés un peu partout, en laiton, en fer, en tôle.
A l'extérieur un chemin de Croix fait le tour de la Chapelle,
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au fond le presbytère ou Ermitage construit pour Jean Marie Piquemal |
A l'extérieur un chemin de croix fait le tour de la chapelle, il compte 14 stations. La première est en face de l'entrée de la chapelle et finit sur l'esplanade devant la chapelle. Les stations sont numérotées sur le côté.
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Station 2, une niche ouverte
abrite une statue de la vierge à
l'enfant |
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détail de la station1 avec
dans une niche en fer forgé, la sainte
Famille |
chaque station est différente, de même que les croix les surmontant,
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L'esplanade : on y célèbre la messe pour le pèlerinage du 15 septembre, la chapelle étant dédiée à Notre Dame des sept douleurs. Pour mettre en valeur de belles pierres trouvées dans les forêts, l'abbé Piquemal les a dressées le long des murs de la chapelle ce qui accentue la ressemblance avec un enclos paroissial breton ou un cromlech
Là on peut s'asseoir, méditer, rêver, la nature sert d'écrin les
oiseaux sont la plus vivifiante chorale, il se dégage de ces lieux une force spirituelle étonnante, que l'on soit ou non croyant.
C'est un lieu habité, sacré.
Une série de campaniles et de calvaires jalonnent le chemin qui mène de l'entrée de l'enclos à celle de la chapelle. Toutes sortes de cloches, des sonnailles, des clarines, une cloche de bronze achetée à Toulouse, les calvaires sont surmontés de pierres taillées en forme de croix par l'abbé.
de beauté et d'espérance.
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un lieu qui parle d'amour et de paix
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un lieu d'accueil : d'ailleurs, la chapelle n'est pas fermée. Il n'y a ni clef, ni cadenas. Elle se veut ouverte et disponible aux visiteurs, soit qu'ils viennent regarder, soit qu'ils viennent prier.