Monsieur le Directeur,
Je viens vous demander si je n'ai rien laissé à votre compte. Je désire changer aujourd'hui de ce service-ci, dont je ne connais même pas le nom, mais en tout cas que ce soit le service d'Aphinar. Tous ces services sont là partout, et moi, impotent, malheureux, je ne peux rien trouver, le premier chien dans la rue vous dira cela.
Envoyez-moi donc le prix des services d'Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé : donc je désire me trouver de bonne heure à bord. Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord…"
Hôpital de la Conception
Rimbaud au Directeur des Messageries Maritimes
"le piéton à semelles de vent " collage dessin. |
(…)
Quelquefois il demande aux médecins si eux voient les choses extraordinaires qu'il aperçoit et il leur parle et leur raconte avec douceur, en termes que je ne saurais rendre, ses impressions; les médecins le regardent dans les yeux, ces beaux yeux qui n'ont jamais été si beaux et plus intelligents, et se disent entre eux :"C'est singulier."
Il reconnaît tout le monde. Moi, il m'appelle parfois Djami, mais je sais que c'est parce qu'il le veut, et que cela rentre dans son rêve voulu ainsi; au reste, il même tout et… avec art. Nous sommes au Harar, nous partons toujours pour Aden, et il faut chercher des chameaux, organiser une caravane; il marche très facilement avec la nouvelle jambe articulée, nous faisons quelques tours de promenade sur de beaux mulets richement harnachés; puis il faut travailler, tenir les écritures, faire des lettres. Vite, vite, on nous attend, fermons les valises et partons. Pourquoi, l'a-t-on laissé dormir? Pourquoi ne l'aidé-je pas à s'habiller? Que dira-t-on si nous n'arrivons pas au jour dit?"…..
Marseille, mercredi 28 octobre 1891 (lettre d'Isabelle Rimbaud à sa mère)
panneau sur le Bat A de l'hôpital de la Conception à Marseille |
De la place Castellane et son obélisque rayonnent ne grandes avenues et boulevard, dont le Boulevard Baille qui mène vers les grands hôpitaux de Marseille, La Timone, et la Conception où mourut Rimbaud. Et cela pince le coeur de penser que c'est précisément dans cette ville où il s'était embarqué une première fois, qu'il est revenu pour mourir avec dans la tête toujours des rêves de départ.
"J'ai tendu des cordes de clocher à clocher
des guirlandes de fenêtre à fenêtre
des chaînes d'or d'étoile à étoile
ET JE DANSE
(illumination)
Il me plait de penser que c'est à Marseille que son esprit, son âme poétique s'est envolée, telle une mouette vers le grand large, îvre de liberté, et non à Charleville Mézières où son corps seul est enseveli.
le fort saint Jean et le palais du Pharo |
le Belem et le port s'éloignent, temps maussade |
vue des iles du Frioul depuis Notre Dame de la Garde |
le Belem quitte le port |
place Castellane |
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