Collage, dessin encre de chine, néocolor et pastels gras, en pensant à Milton |
Ai-je mal lu à la médiathèque, il me semble qu'un carnet a pour titre "la mastication des morts", peut-être est-ce "la mastication des mots". Mes morts, je les mâche et remâche, sans pour autant les digérer. Cela viendra, je sais. Et puis, un jour ce sera mon tour, et je souhaite comme tout un chacun que la mort soit rapide, indolore, si possible dans mon sommeil, exempte de toute peur. "O douleur, O douleur, le temps mange ma vie."
Echappe-t-on au sentiment de l'éphèmérité lorsque l'on a donné la vie. Je m'y suis toujours refusée pour des tas de raisons. Je ne le regrette pas. Prolongement de soi, transmission, durer un peu plus à travers les gênes transmis, la ressemblance, le souvenir que l'on laisse, qu'est cela face au gouffre final où tout finit par s'engloutir, à notre poussière d'homme au regard des millénaires. Penser qu'un jour notre planète elle-même disparaîtra, ira elle aussi rejoindre le néant avec tous les trésors artistiques qui font notre bonheur, la mémoire même de l'humanité. Dans cette perspective on numérise, on archive, on envoie en orbite la mémoire et les découvertes, les trésors de l'humanité, on préserve dans des souterrains capables de résister à des cataclysmes....
Je ne suis jamais gaie à 4 heures du matin. Cependant, l'insomnie n'est heureusement pas que la mastication de mes angoisses et tristesses, elle m'a permis d'écrire bien des poèmes et des jolies histoires pour mes petites voisines, de faire des collages. Je me suis distanciée de l'écriture du moi, que je juge trop souvent, à la relecture, dérisoire, complaisante, impudique : à moins d'être Montaigne, Proust, Châteaubriand ou Mauriac (ah! ses superbes Mémoires Intérieurs), les réflexions sur sa propre vie ont souvent des relents de lieux communs, de banalités cent fois redites.
Allons, Cannelle me regarde de travers, tandis que j'écris, elle, qui a décidé qu'une fois pour toute notre lit est son royaume, et n'y tolère aucun des autre chats de la maison (nous n'y sommes nous-mêmes que des invités) s'est installée sur ma poitrine, exigeant la caresse, et regardant d'un air ronchon cette main qui écrit. Elle, est dans l'instant et je l'envie, dans le bien-être immédiat, point de projection vers un futur angoissant où un passé qui se délite. Prenons exemple.
CARPE DIEM, il faut s'y employer. Allons, les doigts enfoncés dans sa rousse fourrure et puisque l'insomnie ne me lâche pas, plongeons-nous dans la lecture des élucubrations poétiques de Frédéric tic-tic, alias Monsieur Luminus, , alias Frédéric Clément, et de son tour du monde en 80 heures et 335 990 battements de coeur, partons en apesanteur: si ce n'est pas le bonheur, cela y ressemble fort. Tout à l'heure peut-être le sommeil alourdira à nouveau mes paupières avec l'espérance de faire un joli rêve. Sinon, je me léverai pour savourer un velouté chocolat avec une pointe de vanille.... et le croissant de la veille que je n'ai pas mangé. Chic.
j'ai moi aussi buté sur ce titre: "la mastication des morts". je le trouve extèmement violent, beaucoup trop anthropophage pour ne pas révulser. il s'agit apparemment d'une pièce de théatre. j'ai passé mon chemin.
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