Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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samedi 19 mars 2011

Insomnie

Collage, dessin encre de chine, néocolor et  pastels gras, en pensant à Milton
A nouveau  réveillée à quatre heures du mat, avec ce sentiment d'angoisse diffuse. Quelqu'un m'a appelée de la rive en cachette.. Il est 4 h30 et le sommeil ne reviendra probablement pas. Je pense à l'auteur du carnet Légèreté Insoutenable, dont le sujet est une série de portraits des pensionnaires du Clos des Carmes, maison de retraite (clos, retraite, retirés oui, du monde des vivants, du monde des actifs, soustraits aux regards). Elle les donne à voir et à entendre. Beaucoup de participants de ce cours sont à la retraite. Je n'ai pas lu le carnet, sauf quelques extraits, de X (son prénom m'échappe) qui a 70 ans et s'interroge sur son propre vieillissement. Je l'ai feuilleté, trop de choses douloureuses ressurgissant après 5 ans et demi à aller à la Châtaigneraie, où était mes parents, tous les 15 jours, à les voir s'éteindre, à assister impuissante à leur maladie, leur lente dégradation, leur agonie pour mon père, à voir disparaitre leurs compagnons du dernier bout de chemin. En cinq ans 12 décès dans ma famille, l'impression que mon coeur est devenu un cimetière (d'où le projet de ne parler que de choses légères dans ce blog, en tous les cas le plus souvent possible). Des pans de ma vie ont ainsi disparus avec eux. Ils pèsent sur mon âme.
Ai-je mal lu à la médiathèque, il me semble qu'un carnet a pour titre "la mastication des morts", peut-être est-ce "la mastication des mots".  Mes morts, je les mâche et remâche, sans pour autant les digérer. Cela viendra, je sais. Et puis,  un jour ce sera mon tour, et je souhaite comme tout un chacun que la mort soit rapide, indolore, si possible dans mon sommeil, exempte de toute peur. "O douleur, O douleur, le temps mange ma vie."
Echappe-t-on au sentiment de l'éphèmérité lorsque l'on a donné la vie. Je m'y suis toujours refusée pour des tas de raisons. Je ne le regrette pas.  Prolongement de soi, transmission, durer un peu plus à travers les gênes transmis, la ressemblance, le souvenir que l'on laisse,   qu'est cela face au gouffre final où tout finit par s'engloutir,  à notre poussière d'homme au regard des millénaires. Penser qu'un jour notre planète elle-même disparaîtra, ira elle aussi rejoindre le néant avec tous les trésors artistiques qui font notre bonheur, la mémoire même de l'humanité. Dans cette perspective on numérise, on archive, on envoie en orbite la mémoire et les découvertes, les trésors de l'humanité, on préserve dans des souterrains capables de résister à des cataclysmes....

Je ne suis jamais gaie à 4 heures du matin. Cependant, l'insomnie n'est heureusement pas que la mastication de mes angoisses et tristesses, elle m'a permis d'écrire bien des poèmes et des jolies histoires pour mes petites voisines, de faire des collages.  Je me suis distanciée de l'écriture du moi, que je juge trop souvent, à la relecture, dérisoire, complaisante, impudique : à moins d'être Montaigne, Proust, Châteaubriand ou Mauriac (ah! ses superbes Mémoires Intérieurs), les réflexions sur sa propre vie ont souvent des relents de lieux communs, de banalités cent fois redites.

Allons, Cannelle me regarde de travers, tandis que j'écris, elle, qui a décidé qu'une fois pour toute notre lit est son royaume, et n'y tolère aucun des autre chats de la maison (nous n'y sommes nous-mêmes que des invités) s'est installée sur ma poitrine, exigeant la caresse, et regardant d'un air ronchon cette main qui écrit. Elle, est dans l'instant et je l'envie, dans le bien-être immédiat, point de projection vers un futur angoissant où un passé qui se délite. Prenons exemple.
CARPE  DIEM, il faut s'y employer. Allons, les doigts enfoncés dans sa rousse fourrure et puisque l'insomnie ne me lâche pas, plongeons-nous dans la lecture des élucubrations poétiques de Frédéric tic-tic, alias Monsieur Luminus, , alias Frédéric Clément, et de son tour du monde en   80 heures et 335 990 battements de coeur, partons en apesanteur:  si ce n'est pas le bonheur, cela y ressemble fort. Tout à l'heure peut-être le sommeil alourdira à nouveau mes paupières avec l'espérance de faire un joli rêve. Sinon, je me léverai pour savourer un velouté chocolat avec une pointe de vanille.... et le croissant de la veille que je n'ai pas mangé. Chic.

1 commentaire:

  1. j'ai moi aussi buté sur ce titre: "la mastication des morts". je le trouve extèmement violent, beaucoup trop anthropophage pour ne pas révulser. il s'agit apparemment d'une pièce de théatre. j'ai passé mon chemin.

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