Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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lundi 26 mars 2012

.... ECLOSIONS

 vue de la fenêtre côté jardin




Dans mon jardin ce lundi 26 mars

Adieu à l'hiver...





Nous avons basculé dans l'heure d'été. Ce mois de mars a des airs de juin, les premières hirondelles sont arrivées à Olargues il y a 15 jours, je guette celles de Lacroix, et je salue l'hiver qui s'en va avec ces photos prises en février, et qui semblent déjà si lointaines. Ce mardi matin, je m'étais levée très tôt et, envoutée par la beauté du paysage silencieux et immaculé je suis allée me promener à 7 heures du matin  avec pour seul compagnon ce magnifique chien noir. C'était féérique, je retrouvais toutes les sensations de mon enfance vosgienne, les pas crissants sur la neige, le silence si particulier, ouaté, de temps à autre un cri d'oiseau.

aujourd'hui, la transparence de l'air  signale le changement de saison, le matin les oiseaux gazouillent très tôt, et les merles donnent aubades et sérénades. Le hérisson est sorti de son sommeil d'hiver, le printemps est bien là.  L'air est plein de bruissements d'ailes.

25 mars 2012 Marche Blanche

Il y a cette foule immense qui marche une rose blanche à la main, des enfants, des gens âgés, des jeunes, qui se tiennent parfois par la main. Une marche silencieuse sous le soleil de mars qui brûle comme en juin. Une marche coupée de pauses de recueillement.
Il y a les photos sur le mur d'entrée de Ozar Hatorah.
Grands yeux sombres et boucles brunes des deux petits garçons Gabriel et Ariel , longs cheveux blonds et yeux bleus de la petite fille Myriam, qui nous regarde à demi tournée, souriante, si légère. Visage grave du jeune professeur Jonathan père des deux petits garçons.
On a du mal à faire coincider ces portraits si vivants et l'horreur de leur mort, lundi. Ces vies massacrées en plein élan, tout comme celles des trois militaires. Je pense à Camus, à Daniel Mendelsohn, à Dostoïevski.
On croit que la barbarie est de l'ordre du passé, ou que cela ne se passe que dans d'autres pays, moins évolués, mais non, en Yougoslavie, en Ukraine, en Pologne, en Syrie, au Rwanda, en Algérie, au Cambodge, on a tué, on tue des enfants, des innocents. Au moment où j'écris combien meurent?
Le fanatisme ne connait aucune frontière, la haine est une hydre : on coupe une tête et une autre repousse et le massacre des Innocents est malheureusement toujours d'actualité.
On voudrait que le monde apprenne, que cela cesse enfin, que l'humanité.... c'est désespérant.
alors que faire?

lire et relire Camus

"Oui, j'ai continué d'avoir honte, j'ai appris cela, que nous étions tous dans la peste, et j'ai perdu la paix. Je la cherche encore aujourd'hui, essayant de les comprendre tous et de n'être l'ennemi mortel de personne. Je sais seulement ce qu'il faut faire pour ne plus être un pestiféré et que c'est là ce qui peut, seul, nous faire espérer la paix, ou une bonne mort à son défaut. /.../ Et c'est pourquoi j'ai décidé de refuser tout ce qui, de près ou de loin, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, fait mourir ou justifie qu'on fasse mourir. (...) Je sais de science certaine que chacun porte en soi, la peste, parce que personne, non personne, n'en est indemne. (...) Je dis seulement qu'il y a sur cette terre des fléaux et des victimes et qu'il faut, autant qu'il est possible, refuser d'être avec le fléau."  Albert Camus (La Peste).

"There are many ways to loose your relatives, I thought; The dead lies in their graves, in the cimeteries and all this is of no interest to them, since they have, now, no interests of any kind at all. It is we, the living, who need the details, the stories, because what the dead no longer care about, mere fragments, a picture that will never be whole, will drive the living mad". Daniel Mendelsohn (The Lost)

mercredi 7 mars 2012

En pensant à Rilke

je suis partie de quelques lignes ,  il y avait ce souvenir des livres de sciences de mon enfance, représentant les grandes fonctions du corps humains, locomotion, digestion, circulation. J'aimais particulièrement dessiner la circulation sanguine, ces rivières rouges et bleues et leurs affluents qui irriguaient chaque cellule. J'ai commencé par ce croquis, et puis de trait en trait, le dessin s'est mis en place, et avec lui d'autres idées sont nées, d'autres images et quelques vers des "sonnets à Orphée" se sont naturellement imposés. Orphée, trait d'union entre le monde des morts et celui des vivants, entre tous les règnes vivants..


Orphée (encre de chine)
.
              "er ist einer der bleibenden Boten, der noch weit in die Türen der Toten ,
               Schalen mit rühmlichen Früchten hält". (il est un des messagers éternels
               et bien au delà du seuil des morts, tend les coupes qu'emplissent les
                 fruits glorieux).

               "erst in dem doppelbereich (dans le double royaume enfin
                werden die Stimmen ewig und mild" (les voix seront éternelles et douces).
                                                            
Sei allem Abschied voran, als wäre er hinter
dir, wie der Winter, der eben geht.
Denn unter Wintern ist einer so endlos Winter,
dass, überwinternd, dein Herz überhaupt übersteht.

Sei immer tot in Eurydike - singender steige,
preisender steige zurück in den reinen Bezug.
Hier, unter Schwindenden, sei, im Reiche der Neige,
sei ein klingendes Glas, das sich im Klanf noch zerschlug.

Sei- und wisse zugleich des Nicht-Seins Bedingung,
den undendlichen Grund deiner innigen Schwingung,
dass du sie völlig vollziehst dieses einzige Mal.

Zu dem gebrauchten sowohl, wie zum dumpfen und stummen
Vorrat der vollen Natur, den unsäglichen Summen,
zähle dich jubelnd hinzu und vernichte die Zahl.
                                                              Rainer Maria Rilke
                                                         Die Sonette an Orpheus XIII


Devance toute séparation, comme si elle était derrière
toi, semblable à l'hiver qui, à l'instant s'en va.
Car parmi les hivers, il en est un sans fin, tel
que, l'ayant surmonté, ton coeur en tout survivra.

Sois toujours mort en Eurydice -, monte en chantant plus fort,
en célébrant plus haut, remonte dans le pur rapport.
Ici, parmi ceux qui passent, sois au royaume du déclin
sois un verre qui tinte et dans le tintement déjà se brise,

sois - et connais en même temps la condition du non-être,
la raison infinie de ton intime vibration,
afin de l'accomplir entièrement cette unique fois.

Aux réserves, employées aussi bien que voilées et silencieuses,
de la nature totale, sommes indicibles,
ajoute-toi avec allégresse et anéantis le nombre.

le treizième sonnet, fait écho au "cimetière marin" de Valéry, Orphée est le Dieu de la métamorphose

hmm, ce marmot est joli à croquer...

l'ogrelet  (encre de chine et aquarelle)
c'est ce que se disait mon insatiable ogrelet....

                                            ... et dans chaque gargote
                                                le soir on chuchotait à la veillée
                                                en grignotant des cuisses de grenouilles
                                                grenues,
                                                que, au fond d'une gorge étroite et sombre,
                                                 un ogrelet goulu
                                                 ingurgitait chaque matin
                                                 au petit déjeuner avec son gruau
                                                 une douzaine de gamines bien grasses
                                                 et deux ou trois garnements
                                                 grelottants et grognons.
Quelques-uns des enfants que l'ogrelet croqua avec délectation....



                                       

Croquons, croquons, il en restera toujours quelque chose

c'est ce que nous nous disions vendredi face à Delphine sur les quais ... Un petit vent printanier, frais, soufflait,



le soleil illuminait le Dôme de la Grave, la Garonne s'irisait dune palette de gris et de bleus, les mouettes vrillaient l'air de leurs cris, c'était un temps de promesse.... et un moment très ludique