Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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dimanche 17 février 2013

Frémissements...

Premier dimanche ensoleillé depuis l'Epiphanie, un ciel bleu sans nuage, un air de printemps a fait sortir les Toulousains, transformés depuis six semaines en cloportes. Les quais, les parcs, chaque place au soleil est occupée, les étudiants révisent, les poussettes sont de sortie, les personnes âgées flânent par couple, les amoureux s'enlacent et échangent des baisers au soleil, tout le monde semble heureux...



Dommage, en raison du débit de la Garonne la passerelle sur l'autre rive est fermée, nous revenons par les petites rues de Saint-Cyprien, et passons devant l'Eglise Saint-Nicolas dont le portail et le tympan ont été restaurés, elle est fermée, certainement encore en travaux à l'intérieur.








 Le Bazacle, après la crue.


Si je devais choisir quelques photos de Germaine Chaumel,  (photographe toulousaine), je prendrais celle des deux femmes marchant sur le Pont Saint Pierre, tel que nous l'avons connu avant son remplacement par l'actuel.





vendredi 15 février 2013

Pour Réglisse



  Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux, et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
et me réjouis comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!

               II

De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
j'en fus embaumé pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu:
il juge il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée, est-il dieu?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,

Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.

                                         Charles Baudelaire   Le Chat

J'ai souvent dit ce poème à Réglisse, persuadée que j'étais que c'était un chat semblable à lui qui avait
inspiré  Baudelaire.

Je lui murmurais aussi :

"Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux
      Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux
      Mêlés de métal et d'agathe"

il ronronnait alors; Je crois bien qu'il aimait la poésie autant que les olives dont il pouvait se gaver.
Réglisse était le plus doux et le plus beau chat que j'ai eu le privilège de connaître et dont j'ai goûté l'aimable compagnie 12 ans durant. Il s'est endormi pour toujours dans mes bras il y a 15 jours. Aujourd'hui, j'ai récupéré ses cendres dans une boîte métallique, elles seront enterrées au pied de l'olivier qui a le même âge que lui, et du buis où il se frottait volontiers.


Réglisse en son royaume en 2009 


mercredi 13 février 2013

Promenade onirique et mélancolique dans Paris




"Paris change!  mais rien dans ma mélancolie
 N'a bougé! palais neufs, échafaudages, blocs,
 Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie,
  Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs."
                       
                                                             Baudelaire, in Tableaux Parisiens, Le cygne


Il y a, dans L'Herbe des Nuits de Modiano, une référence constante à Baudelaire, à travers  Jeanne Duval, et  ce Paris  en perpétuelle mutation,  ce palimpseste architectural, dont les  rues parcourues par Nerval, Corbière, Baudelaire, et le narrateur du roman, disparaissent, se superposent, changent de nom.
Et il y a cette mélancolie qu'évoque Baudelaire, devant ce qui a disparu, et que l'on sauve de l'oubli en le nommant, en essayant de le retrouver sous les strates du temps.

Les rendez-vous avec Modiano sont toujours un moment privilégié, celui de L'herbe des Nuits
 est à ne pas manquer.

extraits :

"C'était une manie de vouloir connaître tout ce qui avait occupé, au fil du temps et par couches successives, tel endroit de Paris. .... Et de tout cela il ne restait qu'un terrain vague, et pour très peu de temps encore, les noms de quelques charognards et assassins sur des murs à moitié écroulés. Et je les avais notés ce soir-là dans mon carnet. A quoi bon? J'aurais plutôt aimé savoir le nom des cent filles de l'hôpital qui s'étendait sur ce terrain bien avant la halle aux cuirs."


" On ne retourne pas souvent dans les quartiers du sud. C'est une zone qui a fini par devenir un paysage
intérieur,imaginaire, au point qu'on s'étonne que des noms comme Tombe-Issoire, Glacière, Montsouris, le château de la Reine Blanche, figurent dans la réalité, en toutes lettres, sur des plans de Paris. Je ne suis jamais revenu rue de l'Aude.  Sauf dans mes rêves. Alors je la revois à des saisons différentes. Des fenêtres de mon ancienne chambre, elle est recouverte de neige, mais si l'on y accède de l'avenue par des escaliers à pic, c'est toujours l'été."

                                                             Patrick Modiano
                                                           L'Herbe des Nuits, gallimard