Citations


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"
Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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mercredi 13 juillet 2011

Billevesées, coquecigrues et autres facéties...

Il y a quelques années mon amie et personnage récurrent de mes histoires, Myriam, s'envola pour Tahiti et m'inspira cette petite histoire loufoque...

Cette année-là
rêvant d'îles marquises
l'exquise Myriam Marty
partit pour Tahiti.
Dédaignant les Arène
et la Tour Magne à Nîmes
elle laissa en plan
son amant, sa maman,
ses amis, ses soucis,
et s'envola, ravie,
pour Tahiti.
A son amant Christian elle confia
la chatte Peilharot
écaille de tortue,
acrobate des rues,
à sa maman, elle laissa
Mantecao sa chienne
aux yeux bleus, si bleus....
Elle les laissa là,
en rade

et s'envola pour d'autres désirades...

Dans l'avion, dessous les rousses boucles
de Myriam Marty
mille pensées s'agitaient :
 Y a-t-il des wapitis à Tahiti ?
se demandait Myriam Marty.
Les Maoris sont-ils gentils?
Y a-t-il dans la forêt
des serpents à sonnettes
amateurs de sornettes?
de péremptoires perroquets
papotant dans les cocotiers?
Le nez des vahinés
sent-il la vanille?

Toutes ces questions saugrenues et grenues
dansaient en farandoles
dans la tête étourdie
de Myriam Marty
aussi....

Quand l'avion atterrit
s'était-elle endormie...
et si profondément
que tous les voyageurs étaient sortis.
Lorsque le commandant de bord
la réveilla
Myriam Marty ouvrit alors
tout rond
ses yeux tout bleus:
"Saperlipopette, s'écria-t-elle,
suis-je déjà
à Papeete"?,. 



L'été...ombres et lumières de la mémoire.

 J'aime les jeux d'ombre des feuillages en été, je pourrais les contempler des heures durant.
Enfant, l'été était indissociable d'un certain ennui... Ces deux longs mois et demi de vacances allaient s'étirer interminablement avec leur cohorte de "corvées"...
 Les grandes vacances commençaient en effet par toute une série d'obligations que je redoutais et dont la plupart étaient liées au jardin. C'était la saison des récoltes, de l'engrangement, saison essentielle dans l'économie familiale car elle permettait de préparer l'hiver... Et nous nous transformions en fourmi alors que je rêvais d'être cigale. Pas question de faire la grasse matinée, de traîner au lit le matin. Ma mère avait coutume de dire: "le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt". J'en mesure aujourd'hui la saveur, levée à l'aube à l'heure où j'écris ces lignes. Le jour point, déjà les chats attendent silencieusememt sur le seuil le repas du matin. Les premieres trilles résonnent dans le jardin.... Nous nous levions donc, non point aux aurores, mais vers 7h30, 8 heures au plus tard, afin d'être à 9 heures à pied d'oeuvre dans le jardin, débarbouillés, nattées, ayant bu notre ovomaltine, chapeautées de paille pour nous protéger du soleil... et la cueillette commençait. Il fallait profiter de la fraîcheur, le soleil de juillet dans les vosges pouvant être brûlant. Je soupirais en considérant les énormes buissons de groseilles rouges, blanches, les cassissiers, les groseilles à maquereaux aux épines sournoises, dont il me semblait que je n'en verrais jamais le bout. Ma soeur d'un côté, moi de l'autre, le petit seau de fer blanc au poignet, nous cueillions grappes après grappes les petits fruits qui se transformeraient à la maison en gelées translucides et odorantes, mises en pots paraffinés, cellophanés, alignés sur les étagères du grenier-  en liqueurs et sirops, vins de framboises et de mûres, qui feraient la fierté de ma mère lors des visites d'amis ou de parents. Venaient ensuite dans le rang des cueillettes, celle des haricots verts à équeuter ensuite à la maison, des petits pois à écosser, de la rhubarbe à éplucher et couper en morceaux. Le jardin de chez Lecuve était immense à mes yeux d'enfant. Lorsque toutes les récoltes étaient faites, les étagères remplies, d'autres tâches attendaient. Les vacances étaient l'occasion de certains apprentissages qui devaient faire de nous de futures maîtresses de maison accomplies, et, dans l'immédiat d' éviter le désoeuvrement et la rêverie en occupant nos mains. Ainsi, armée de deux grosses aiguilles de plastique, puis d'acier lorsque nous serions plus habiles, nous apprenions à tricoter...
J'enviais mon frère qui échappait à tout cela, le tricotage et autres travaux de couture étant réservé aux filles et la première quinzaine de juillet étant la période à laquelle il partait en camp de vacances au Valtin.
Je rongeais mon frein, songeant au livre qui m'attendait : la suite des aventures de Athos, Porthos et Aramis,
de Marguerite Gautier, des 4 filles du docteur March -qui étaient,elles, de parfaites petites ménagères, serviables et généreuses, mais tout avait l'air tellement plus intéressant et gai dans la famille March . Jo était ma préférée, qui voulait devenir écrivain et inventait sans cesse des histoires-. Quand pourrais-je enfin les retrouver, partir à l'aventure avec Claude, Michel, Annie, François et leur chien Dagobert.
"Maryse, cesse de rêver, tu t'es encore trompée : une maille à l'endroit, une maille à l'envers... Regarde, tu as sauté une maille, il faut recommencer; Je t'ai dit quinze rangs de ton écharpe, ensuite tu pourras lire, mais pas avant d'avoir fait ta page de devoir de vacances."
Soupirs!!!
Ainsi s'écoulait juillet, interminable mois, succession de petits travaux domestiques auxquels à 10 ans on prend rarement plaisir, et dont on ne perçoit guère l'utilité et ce qu'elle suppose de bonne gestion. Je pense aujourd'hui à  ce savoir-faire de ma mère disparue avec nostalgie, bien que, ayant planté un verger, je répugne toujours autant à la phase cueillette, et contrairement à mon jeune frère je ne fais ni conserves, ni confitures.
Je ressentais alors comme une double peine la vue de ces tas de haricots verts auxquels il fallait retirer fils et queues, (en ce temps-là les haricots avaient des fils), avant de les ranger dans des bocaux pour la stérilisation,
haricots que je retrouverais chaque dimanche entourant l'indétrônable rôti de boeuf. Je haissais les dimanches.
         Aujourd'hui, je donnerais beaucoup pour pouvoir ouvrir l'un de ces bocaux depuis longtemps épuisés...
pour revoir un instant ce jardin disparu et ses énormes groseilliers, pour les revoir tous les deux : maman jeune, les joues rosies sous son grand chapeau, papa courbé sur ses tomates, dont les dernières, fin septembre, pour échapper aux premières gelées, finissaient de mûrir sur le buffet de la cuisine, qu'elles embaumaient.
        Et puis, août enfin arrivait, le mois des vraies vacances, celles où l'on partait. Les Angles, les bois, les prés où paissaient, placides les jolies petites vaches vosgiennes à tâches noires sur robe blanche, les randonnées dans les bois, où d'autres cueillettes nous attendaient, plus sauvages, celles des mûres, framboises et champignons, plus aventureuses car faites en compagnie de nos cousins. La liberté... les mirabelles dont nous faisions bombance, les tartes de ma grand-mère et les gâteaux à la crème tout juste sortis du four.
La longue route à travers champs qui nous menait à la grand'messe dans la jolie église du village de mon père où nous faisions figure de riches, gantées, nattes tressées de rubans blancs, souliers vernis et petits chapeaux, à côté des petits enfants villageois plus débraillés. Mais nous oubliions nos bonnes manières lorsqu'arrivaient à notre rangée, la corbeille de pain béni : quatre paires de mains plongeaient dans les dentelles et ressortaient
 bien remplies de morceaux moelleux de pain bis à la crôute caramélisée, de brioches et de gâteaux, oeuvres des paroissiennes, qui nous changeait du pain rassis de la messe de notre ville.
  C'était l'été, et l'argent de la quête, escamoté, servi plus d'une fois à acheter en cachette des bonbons dans l'unique épicerie du village, tenue par une vieille fille moustachue et revêche...



 c'était dans les années soixante, à Housseras, dans les Vosges, l'église est toujours la même -sur son promontoire avec son clocher bulbe, rustique et bienveillante, veillant sur le cimetière qui l'entoure où sont enterrés mes ancêtres paternels. le village n'a guère changé avec ses grosses fermes, les Angles sont toujours aussi beaux.... mais combien ont disparu de ceux que nous avons aimés.... Marie, Auguste, Daniel, Marcelle, Georges, Claude, Pierre, Louise, Robert, Marithée....
  



   

art postal

 art postal collage sur papier déco envoyé à cat,
rêverie à partir d'un timbre....

e...





Annonciation : collage

                                                   

dimanche 10 juillet 2011

nourriture poétique pour nonchaloir déshydraté


                                             II

"Aux pays fréquentés sont les plus grands silences, aux pays fréquentés de
criquets à midi.
  Je marche, vous marchez dans un pays de hautes
pentes à mélisses, où l'on met à sécher la lessive des
Grands.
   Nous enjambons la robe de la Reine, toute en dentelle
avec deux bandes de couleur bise (ah!que l'acide corps
de femme sait tacher une robe à l'endroit de l'aisselle!).
  Nous enjambons la robe de Sa fille, toute en dentelle
avec deux bandes de couleur vive (ah! que la langue
du lézard sait cueillir les fourmis à l'endroit de l'aisselle!).

   Et peut-être le jour ne s'écoule-t-il point qu'un même
homme n'ait brûlé pour une femme et sa fille.
  Rire savant des morts, qu'on nous pèle ces fruits!....
Eh quoi! n'est-il plus grâce au monde sous la rose sauvage?
  Il vient, de ce côté du monde, un grand mal violet sur
les eaux. Le vent se lève. Vent de mer. Et la lessive
   part!  comme un prêtre mis en pièces..."

                                                                      Saint-John Perse - Anabase