Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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mercredi 20 août 2014

In Memoriam



Pour Paul Thirion mort pour la France,  à Morhanges, en Lorraine, le 20 août 1914 à 22 ans, sans avoir eu le temps de vivre, d'aimer, de danser, ce poème d'Aragon écrit bien plus tard dans lequel j'ai introduit
(en italique) les noms qu'il aurait pu dire.
Aragon, lui aussi au front en 1914, en est revenu, amer, désespéré

"tu n'en reviendras pas….
et toi le tatoué, l'ancien légionnaire,
tu survivras longtemps sans regard et sans voix…."


Le Conscrit des Cent Villages


Prairie, adieu mon espérance
Adieu belles herbes adieu les blés
Et les raisins que j'ai foulés
Adieu mes eaux vives ma France             

Adieu le ciel et la maison
Tuile saignante ardoise grise
Je vous laisse oiseaux les cerises
les filles l'ombre et l'horizon

J'emmène avec moi pour bagage
Cent villages sans lien sinon
L'ancienne antienne de leurs noms
L'odorante fleur du langage

Une romance à ma façon
Amour de mon pays mémoire
Un collier sans fin ni fermoir
Le miracle d'une chanson

Un peu de terre brune et blonde
Sur le trou noir de mon chagrin
J'emmène avec moi le refrain
De cent noms dits par tout le monde

Adieu Forléans Marimbault
Vollore-ville Volmerange
Avize Avoine Vallerange
Ainval-Septoutre Mongibeaud

Fains-la Folie Aumur Andance
Raon-L'Etape Escarmin
Dancevoir Parmilieu Parmain
Linthes-Fleurs Caresse Abondance

Adieu La Neuville Janzé
Adieu Saint-Désert Jeandelize
Gerbépal Braize Juvelise
Fontaine-au-Pire et Gévesé

Que je respire Et je respire
Ces étoiles dans ma gorge y
Font une lueur de magie
Trompe l'exil mon faux empire

Il faut reprendre ô soulerie
Ce déroulement implacable
Et boire et boire les vocables
où flambe et tremble la patrie

Aigrefeuille-d'Aunis Feuilleuse
Magnat-l'Etrange Florentin
Tilleul-Dame-Agnès Dammartin
Vers-Saint Denis Auvers Joyeuse

Cramaille la Criquette Crévoux
Crêches-sur-saône Aure Les Mars
Croismare Andé Vourles Vémars
Amarens Seuil le Rendez-vous

L'Ame Sommaisne Flammerans
Sore Sormonne Sormery
Sommeilles la Maladrerie
Bussy-le-Repos Sommerance

Mon pays souffre mille maux
S'en souvenir monte à la tête
Ah démons démons que vous êtes
Versez-moi des mots et des mots                              

Il reste aux mots comme aux fougères
Qui tantôt encore brûlaient
Cette beauté de Feu follet
leurs architectures légères

Angoisse Adam-les-Passavant
Bors l'Aventure Avril-sur-Loire
La Balme-d'Epy Tréméloir
Passefontaine Treize-Vents

Adieu le lieudit l'Ile d'Elle
Adieu Pierre Borne Ecublé
Ouvrez tout grand vos noms ailés
Envolez-vous mes hirondelles

Et retournez et retournez
Albine Alise-Sainte-Reine
Les Sources-la-Marine Airanes
Le Donon Gigors Guéméné

Vers Thiaville ou Trinquetaille
Vers la Vierge ou vers Venizy
Lizières Lizine Lizy
La Chipotte Arques-la- Bataille

Alban-dessus Albans-Dessous
Planez lourds aiglons des paroles
Valsemé Grand-Coeur Grandeyrolles
Jetés au ciel comme des sous

Adieu Pierre-Percée Biscarosse
Poignards que vous avez d'éclat
O Saint-Geniés-de-Comolas
Adieu Néronde Orny Garosse

Pas un qui demeure sur cent
villages aux noms de couleur
Villages volés mes douleurs
Le temps a fui comme le sang

Musiques s'il n'est pas trop tard
Parfumez le vent parfumé
Sanglotez les cent noms aimés
Que j'écoute au loin vos guitares.


                                       
     Louis Aragon



"Traces" collage de la petite nièce de Paul d'après son carnet de chansons


samedi 9 août 2014

Intimes








Notre place est sous l'épaule du soleil,
Sur les pierres bleues,au sein des herbes, 
gémit midi. 
         Jean-Claude Izzo (L'Aride des Jours)








vendredi 8 août 2014

Les petites poses de Lise et Désirée


m'ont un peu inspirée




Le Chant du Monde …



 






Le Poisson

Officiant des eaux clairières
Epelant un rosaire sans fin
Ouvrant la bouche pour ne rien dire.
Dans des grottes sans reflets
Toutes nageoires au point mort
Nez à contre courant
la bouche ouverte pour ne rien dire.

Jean Lurçat "Mes domaines"





"La poésie est pour moi la chose importante. J'ai introduit beaucoup de vers dans mes tapisseries, surtout pendant la guerre…. La poésie est le langage parfait parce que ses significations sont multiples. Je prends parfois des vers dont je ne comprends pas tout le sens, mais je sais que je dois les prendre
Un jour, j'ai mis les vers suivants dans une tapisserie :

Ferme ton armoire, elle est pleine d'insectes
les tenir discrets, c'est la mer à boire…

Des amis ont cru d'abord que c'était de Prévert. Puis ils ont dit que c'était de Spire. C'était de moi."

Jean Lurçat

astres, constellations, feuillages, insectes, papillons, poissons et sirènes, la polyphonie des tapisseries de Jean Lurçat enchantent l'été de Sorrèze.

Métamorphoses





"La connaissance du règne humain, animal et végétal est la condition pour "être au monde", pour le comprendre dans sa splendeur et sa puissance : le monde n'est pas constitué par des éléments séparés qui seraient le règne animal, le règne végétal, etc. Nous vivons, nous nous développons, nous nous ramifions exactement comme un arbre (…) nous sommes pierre, nous sommes feuillage, nous sommes poisson… Chaque être est tout à la fois "  Jean Lurçat


demoiselle

fusion

intimité