Voilà c'est fini. A votre tour vous êtes partie vers ces rivages inconnus où ceux que vous avez aimé vous attendent. Jamais plus je n'entendrai votre voix, par dessus le mur de la terrasse :
- Qu'est-ce que vous faites ?
- J'ai fait de la soupe aux herbes, vous en voulez? Je vous en fait passer un bol par-dessus le mur.
- Ouh!!! je suis fatiguée... mais venez voir mes pavés comme ils brillent.
- J'ai fait la lessive, comme elle sent bon... Venez étendre, elle va sécher avec cette tramontane..
Vous regardiez le ciel, sceptique :
- ce temps n'est pas encore guéri...
Moi :
- ça va, Jeannette? où est le Martychat?
- Oh! il rôde, le voyou. J'ai ciré ma commode, vous viendrez voir comme elle brille. Ah! ça, je ne l'ai pas faite périr.
C'était l'une de vos préoccupations, ne pas faire périr les choses dont vous ne vous sentiez jamais tout à fait
propriétaire, mais seulement dépositaire, en attendant de les transmettre...
27 ans que nous nous connaissions, que nous nous appréciions. Je ne mangerai jamais plus d'aussi savoureuses soupes, nées d'un long savoir faire transmis, de cuisine simple mais goûteuse.
Vous me manquez déjà Jeannette. J'avais ouvert mon carnet de voyage avec votre portrait et qu'importe s'il n'était pas tout à fait fidèle, c'est à vous que j'avais immédiatement pensé lorsque Quentin nous avait demandé lors du second cours, de faire un portrait-reportage. J'avais espéré que vous seriez centenaire, on ne vous donnait pas vos 88 ans, mais durant ces trois derniers mois depuis votre hospitalisation, ils vous avaient malheureusement rattrapée. Adieu, Jeannette! ma si gentille voisine. Finies nos bonnes causettes... nos petites dinettes ensemble,
les soirées d'été rue Méjeane à causer à l'ancienne assises sur les devant des portes, le Martychat jamais bien loin de vous.... jamais plus...
Citations
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"Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa
"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé
"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."
Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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