"Les enfants sont toujours à l'affût de contenants vides, surtout de boîtes, mais aussi de la roue dentée sur laquelle est enroulé "le fil au Chinois", du carton plissé qui soutient le coton à repriser, de la bobine de bois du fil à coudre - parfait tricotin-, mais encore de certaines fioles de remèdes ou de mignonnettes de liqueurs.
J'ai tout récupéré pendant mes années d'enfance. Ma mère, avant de jeter quoi que ce soit, connaissant mes goûts, me demandait : "Tu le veux?". Je refusais rarement.
C'était une boîte en carton ayant contenu des pâtes, une boîte de sucre vide. Le carton servirait toujours, pour y découper des pièces de monnaie ou les rectangles d'un cinéma. Celui du sucre devenait un porte-monnaie idéal.
J'héritais des boîtes métalliques les plus petites - ma mère gardait pour elle les plus grandes - pastilles Valda, Gonacrine. Jamais je n'aurais jeté une boîte de coco vide, sauf si elle ne s'ouvrait plus à force d'avoir été mouillée pour en sortir tout le suc. J'avais une passion pour les boîtes minuscules qui contenaient une pincée de safran. (…)
Boîtes rondes ayant contenu un bijou, fleuries, d'une douceur de soie ou exceptionnellement doublées de satin, boîtes de carton plus fort - remèdes, mercerie, parfumerie.
Il n'y avait jamais assez de boîtes. Pour les plumes d'oiseau, les ailes de cigale, de papillon, de libellule, le papier d'argent, les vignettes de la Vache qui rit à se coller sur le front, un morceau de faïence décoré, une poupée de coquelicot, les débris d'un miroir, un bonhomme de mie de pain. Ce que ma mère appelait mon "fouillis".
Et un jour, une boîte à chaussures bien solide - pour y ranger toutes les autres boîtes.
Marie Rouanet - Trésors d'Enfance
Et puis la dernière boîte, vouée au feu ou à la terre...
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