Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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lundi 24 janvier 2011

Montparnasse et Baudelaire





Bien sûr je n'ai pas manqué d'aller rendre visite à Baudelaire, au cimetière Montparnasse et je songeais, devant cette tombe étroite, que la mort lui avait joué une bien triste farce en le faisant cohabiter avec ce beau-père général, qu'il détestait tant. L'un des plus grands poètes avait droit à deux lignes où il n'avait pour toute identité que celle d'être le beau-fils du premier, qui occupait à lui seul avec la déclinaison de ses titres, la moitié de la pierre tombale, la mère de Baudelaire se partageant l'autre avec son fils. Mais la tombe  était fleurie, et émaillée de petits mots, des poèmes et je fus  bouleversée de voir une toute jeune femme lui laisser elle aussi un poème. Peut-être un jour une de mes élèves viendra-t-elle, (il me semble que cela est davantage un geste féminin), lui laisser aussi un message... Et l' un de ses Tableaux parisiens se "promenait dans ma cervelle"

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse
nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver, 
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans un fauteuil, je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre, 
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrai-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?


Baudelaire, je pense à vous!


"Paris change! mais rien dans ma mélancolie
N'a bougé! palais neufs, échafaudages, blocs,
Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie,
Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.

...

Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique
Piétinant dans la boue, et cherchant, l'oeil hagard, 
Les cocotiers absents de la superbe Afrique
Derrière la muraille immense du brouillard;


A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve
Jamais, jamais! à ceux qui s'abreuvent de pleurs
et tettent la Douleur comme une bonne louve!
....
Je pense aux matelots oubliés dans une île,
Aux captifs, aux vaincus!... et à bien d'autres encore!"



Non loin de là, la tombe de Sartre et de Beauvoir, devant laquelle je passai par hasard, était toute grise et nue, pas une fleur, pas un message.... Vanité des Vanités. Je ne m'attardai pas. 
Mais quelques autres tombes ont retenu mon attention. D'abord celle d'un homme mort très tôt, qui aujourd'hui aurait un an de plus que moi, et qui devait aimer les chats, celui-là qui rappelle les statues de Nicki de Sainte Phalle, est si inattendu dans un cimetière, qu'il fait s'interroger sur l'identité  mystérieuse de ce jeune homme très aimé, artiste? scupteur?   à creuser...
 Puis la tombe de Henri Langlois le fondateur de la cinémathèque qui m'offrit de si merveilleux moment de ciné-club.
La tombe de Maryse Bastié, à qui je dois mon prénom, aviatrice et grande résistante, morte à cinquante quatre ans, un an avant ma naissance.
La tombe d'Honoré Champion, qui a bien droit à cet hommage, pour tous les moments de lecture qu'il m'offrit grâce à la distribution des prix, chaque fin d'année. Les livres reçus provenaient tous de sa maison d'édition.







Enfin, la tombe de Serge Gainsbourg, (il est enterré avec ses parents Olga et Joseph Ginsburg), drôle, émouvante, si vivante.... un clin d'oeil à cat

1 commentaire:

  1. quelle émouvante promenade. Avec al musique de baudelaire en écho, j'ai presque entendu le crissement des graviers des allées sous mes pas!
    merci!

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