Hier je relisais des poèmes de Milosz et j'entendais la belle voix de Terzieff les disant. J'ai toujours aimé et admiré Laurent Terzieff, (comment ne pas l'admirer?), son beau visage de prince, cette voix profonde et grave, si intelligente qui disait comme personne les mots des poètes, sa longue silhouette décharnée et élégante qui s'éloigne dans le Désert des Tartares. Il y a des êtres qui nous manquent éternellement, et dont on voudrait croire, qu'un fois disparus de ce monde, ils rejoignent ce séjour idyllique qu'évoque Dante. Terzieff converse-t-il à présent avec ceux qu'il fréquenta si longuement de son vivant : Milosz, Rilke, Camus... chemine-t-il avec eux
sur les rives de l'Achéron. J'aime à le croire.
Solitude
Je me suis réveillé sous l'azur de l'absence
Dans l'immense midi de la mélancolie
L'ortie des murs croulants boit le soleil des morts.
SILENCE.
Où m'avez-vous conduit, mère aveugle, ô ma vie?
Dans quel enfer du souvenir où l'herbe pense,
où l'océan des temps cherche à tâtons ses bords?
SILENCE.
Echo du précipice, appelle-moi! Démence,
Trempe des jaunes fleurs dans la source où je bois,
Mais que les jours passés se détachent de moi!
SILENCE.
Vous qui m'avez créé, vous qui m'avez frappé,
Vous vers qui l'aloès, coeur des gouffres s'élance,
Père! à vos pieds meurtris trouverai-je la paix?
SILENCE.
Milosz, 1915
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