Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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vendredi 22 juin 2012

Jeux d'eau

je ne saurais vivre loin d'une rivière, de sa respiration, de ses jeux de lumière, de ses caprices, de son chant.
J'ai grandi au confluent de deux rivières, et si nous redoutions leurs débordements, nous étions fascinés par leur mystère, elles nous attiraient si fort qu'à trois ans, mon plus jeune frère - né sous le signe du poisson -, enjambant son parc et trottant sur ses petites jambes résolues,  s'y jeta résolument et fut repêché à temps par une brave femme qui étendait sa lessive sur l'autre rive. Cela fit les gros titres du journal local, au désespoir de ma mère qui, dès lors ne sortit plus mon petit frère que dûment harnaché, au bout d'une laisse ( cela existait, les harnais pour enfant).

Je viens de me promener seule dans les ramiers de l'Ariège. L'air vibrait de trilles, de gazouillis, de tout une chorale d'oiseaux invisibles. Un geai s'est envolé sous mon nez, éclair bleu et fauve, une grenouille verte a bondi sous mes pieds vers le refuge des hautes herbes, une magnifique couleuvre a traversé le chemin, indolente ondulante, juste un froissement d'herbe. Une flottille de canards pêchait en famille, il y avait au moins une dizaine de canetons.  L'Ariège est en fleurs. de longues herbes dorées flottent couvertes d'une neige de fleurs blanches, elles me font songer à ces étranges et magnifiques images du film "La Nuit du chasseur" : au fond de la rivière ou la lumière allument des étoiles, la jeune mère assassinée par le chasseur,  est assise dans la voiture immergée. Derrière elle sa chevelure dénouée flotte  comme de longues algues.
Il ne me surprendrait point de voir aussi, soudainement passer "comme un grand lys", la belle Ophélia parmi les longues herbes, comme dans le tableau de Burnes-Jones.
En ce moment l'Ariège est encore haute, et dans cette lumière dorée elle n'a jamais si bien mérité son nom. Le courant y est vigoureux, les berges sont encore couvertes d'un duvet d'herbe, la lumière y
"pleut" admirablement.










Mais toute médaille a son revers, le temps de prendre quelques photos, des escadrons de moustiques en embuscade m'ont attaquée et pris mes bras comme terrain d'atterrissage et garde-manger. J'ai hissé le drapeau blanc.

2 commentaires:

  1. j'aurais bien partagé cette promenade... nos vagabondages le long des berges me manquent; et enfermée à m'acquitter de tâches inutiles je pense à Camus: "Mai la chaleur, l'ennui, la fatigue lui révélaient sa malédiction, celle du travail bête à pleurer dont la monotonie interminable parvient à rendre en même temps les jours trop longs et la vie trop courte."

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  2. dès que tu es libre on reprend nos vagabondages...

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