Chateaubriand loge dans la Mala Strana (la petite ville) non loin de l'hôtel des Chevaliers de Malte : une plaque commémore le séjour du vicomte.
Maison "Aux Bains". Cette maison était un hôtel où descendirent Pierre le Grand, tsar de Russie, et Chateaubriand. |
ancien couvent de l'ordre de Malte reconstruit par Tomas Haffenecker entre 1728 et 1731 |
L'église de l'ordre de Malte : Notre Dame sous la Chaîne, est la plus ancienne fondation de Mala Strana
le sanctuaire roman a été construit entre 1169 et 1182. Le pont Judith édifié au XII ème siècle et qui suite à sa destruction par une crue, fut remplacé par le pont Charles, était gardé à des deux extrémités par des églises fortifiées : à Staré Mesto, par l'église Saint-Clement, et à Mala Strana, par l'église Notre Dame-sous-la Chaîne. La mission de protéger le pont fut confiée aux chevaliers de l'ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem que Vladislas 1er avait connus lors de sa croisade en terre sainte en 1147. Le surnom de l'église vient d'une légende selon laquelle le pont était fermé par une chaîne d'or.
Eglise Notre-Dame sous la chaîne, église de l'ordre de Malte |
Sur la place de Malte au n° 14 se trouve le palais Straka dessiné par Jean-Baptiste Mathey vers 1690.
Chateaubriand repart le 31 mai, et dans ce quatrième livre de la 4eme partie des Mémoires d'Outre Tombe, on ne trouve qu'une seule description très rapide de Prague. Chateaubriand si lyrique en Italie, à Venise, à Rome, n'a pour ainsi dire aucun regard pour Prague, pour sa beauté. Cela ne laisse pas de m'étonner.
Il est visiblement d'humeur morose et tout lui déplait, le poisson qu'on lui sert au château, la société de Prague, la fraîcheur de ce mois de mai. C'est seulement les 28 et 29 mai que Chateaubriand fait une courte description de Prague vue du château.
"…le mardi 28 mai, (…) je me trouvai libre de parcourir, ou plutôt de revoir la ville que j'avais déjà vue et revue en allant et venant.
"Je ne sais pourquoi je m'étais figuré que Prague était niché dans un trou de montagnes qui portaient leur ombre noire sur un tapon de maison chaudronnées : Prague est une cité riante où pyramident vingt-cinq à trente tours et clochers élégants : son architecture rappelle une ville de la Renaissance. (…)
La vue dont on jouit des fenêtres du château est agréable : d'un côté on aperçoit des vergers d'un frais vallon à pente verte, enclos des murs dentelés de la ville, qui descendent jusqu'à la Moldau, à peu près comme les murs de Rome descendent du Vatican au Tibre; de l'autre côté on découvre la ville traversée par la rivière, laquelle rivière s'embellit d'un île plantée en amont, et embrasse une île en aval, en quittant le faubourg du Nord. "
la clé de cette humeur maussade qui lui fait négliger la beauté de Prague, de ses églises baroques, de ses cathédrales gothiques, de ses palais, est certainement dans le froid qui y règne, la fatigue du voyage, la tristesse de voir Charles X et les enfants de Marie Caroline exilés dans ce château austère.
"Si Prague était au bord de la mer, rien ne serait plus charmant; aussi Shakespeare frappe la bohème de sa baguette et en fait un paysage maritime"
Du moins a-t-il rendu justice à la très belle vue de Prague depuis le Hradschin
Vue de Prague et des méandres de la Vltava depuis le belvédère de Petrin |
Nous venons de passer une semaine à Prague et n'avons vu que la moitié de ses trésors. Prague est certainement une des plus belles villes d'Europe, et Chateaubriand faisait la fine bouche. Il n'y a pas que Rome ou Venise, ou Paris. Et du Haut Moyen-Age au XXeme siècle, Prague n'a cessé de s'embellir.
Du couvent Saint Agnès, à la Maison Municipale, de la place de la Vieille Ville et du Clementinum aux grands cafés et brasseries, à la Maison qui danse, elle est un perpétuel enchantement. Et nous avons succombé à sa magie.
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