Citations
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"Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa
"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé
"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."
Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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lundi 30 mai 2011
jeudi 26 mai 2011
mercredi 18 mai 2011
chaque jour un poème
Pour oublier un temps la rumeur du monde, rien de tel qu'un poème. C'est pour moi un rituel que de choisir dans la bibliothèque un recueil de poèmes, de l'ouvrir au hasard et de lire le poème qu'il me propose. C'est souvent le matin, pour commencer la journée, lui donner ainsi une coloration, ou le soir avant le coucher. Ce matin, j'ai pris Les Amours jaunes, que je n'avais pas ouvert depuis longtemps, et voici le poème sur lequel le recueil s'est ouvert :
LE RENEGAT
Ca, c'est un rénégat. Contumace partout :
Pour ne rien faire, ça fait tout.
Ecumé de partout et d'ailleurs; crâne et lâche,
Ecumeur amphibie, à la course, à la tâche;
Esclave, flibustier, nègre, blanc, ou soldat,
Bravo: fait tout ce qui concerne tout état;
singe, limier de femme... ou même au besoin, femme;
Prophète in partibus, à tant par kilos d'âme;
Pendu, bourreau, poison, flûtiste, médecin,
Eunuque; ou mendiant, un coutelas en main...
La mort le connaît bien, mais n'en a plus envie...
Recraché par la mort, recraché par la vie,
ça mange de l'humain, de l'or, de l'excrément,
Du plomb, de l'ambroisie...ou rien - ce que ça sent.-
- Son nom? - Il a changé de peau, comme chemise...
Dans toutes les langues c'est : Ignace ou Cydalyse,
Todos los santos... Mais il ne porte plus ça;
Il a bien effacé son T.F. de forçat!...
Qui l'a poussé... l'amour? - Il a jeté sa gourme!
Il a tout violé : potence et garde-chiourme.
- la haine? - Non.- Le vol? - Il a refusé mieux.
- Coup de barre du vice? - Il n'est pas vicieux;
Non... dans le ventre il a de la fille-de-joie,
C'est un tempérament... un artiste de proie.
- Au diable même il n'a pas fait miséricorde.
-Hale encore! - Il a tout pourri jusqu'à la corde,
Il a tué toute bête, éreinté tous les coups...
Pur, à force d'avoir purgé tous les dégoûts.
Tristan Corbière
Les Amours Jaunes - Gens de mer.
une figure du poète.
LE RENEGAT
Ca, c'est un rénégat. Contumace partout :
Pour ne rien faire, ça fait tout.
Ecumé de partout et d'ailleurs; crâne et lâche,
Ecumeur amphibie, à la course, à la tâche;
Esclave, flibustier, nègre, blanc, ou soldat,
Bravo: fait tout ce qui concerne tout état;
singe, limier de femme... ou même au besoin, femme;
Prophète in partibus, à tant par kilos d'âme;
Pendu, bourreau, poison, flûtiste, médecin,
Eunuque; ou mendiant, un coutelas en main...
La mort le connaît bien, mais n'en a plus envie...
Recraché par la mort, recraché par la vie,
ça mange de l'humain, de l'or, de l'excrément,
Du plomb, de l'ambroisie...ou rien - ce que ça sent.-
- Son nom? - Il a changé de peau, comme chemise...
Dans toutes les langues c'est : Ignace ou Cydalyse,
Todos los santos... Mais il ne porte plus ça;
Il a bien effacé son T.F. de forçat!...
Qui l'a poussé... l'amour? - Il a jeté sa gourme!
Il a tout violé : potence et garde-chiourme.
- la haine? - Non.- Le vol? - Il a refusé mieux.
- Coup de barre du vice? - Il n'est pas vicieux;
Non... dans le ventre il a de la fille-de-joie,
C'est un tempérament... un artiste de proie.
- Au diable même il n'a pas fait miséricorde.
-Hale encore! - Il a tout pourri jusqu'à la corde,
Il a tué toute bête, éreinté tous les coups...
Pur, à force d'avoir purgé tous les dégoûts.
Tristan Corbière
Les Amours Jaunes - Gens de mer.
une figure du poète.
lundi 9 mai 2011
L'Isle sur Tarn dimanche de mai
Ce n'est pas en Italie. Les villes du Tarn ont pourtant des airs toscans : des demeures patriciennes dominent le Tarn dans des parcs paysagés qui y descendent par une succession de terrasses plantées de buis, cyprès, oliviers, palmiers cèdres et bambous. A Albi les jardins du palais de la Berbie, à Montauban le musée Ingres, ici à l'Isle sur Tarn les arcatures, les escaliers donnent à l'entrée de la ville des airs de Tivoli ou de Fiesole. Quel charme, on est dépaysé à 40 km de Toulouse, l'on est presque étonné de ne pas entendre parler italien. Les rues étroites aux maisons à encorbellement et colombages, mènent à la place aux arcades fraîches. Le musée Lafage se niche dans une de ses rues étroites.
de sa source à son confluent le Tarn est une magnifique rivière, et ici il a des allures de fleuve... Nous sommes accueillis au musée Lafage par une jeune fille rousse à la peau laiteuse et aux yeux pervenche que je verrai bien dans un tableau de la période bretonne de Gauguin.
Le buste de Raymond Lafage est impressionnant, ce dessinateur et graveur du 17ème siècle, talentueux,avait une belle allure, il n'a pu donner toute sa mesure car il est mort à 28 ans à Lyon, sur la route qui le menait en Italie, d'une chute de cheval.
L'exposition temporaire a pris presque toute la capacité d'accrochage du musée. Nous ne verrons donc pas la collection permanente, en dehors de la salle consacrée aux dessins et gravures de Lafage. Nous découvrons l'exposition. Les paysages de René Izaure, sont mystérieux, envoûtants, pour certains, presque mystiques.
Montagne pyrénéennes traitées en estampes japonaises. Le regard est happé, captivé, émerveillé, invité à découvrir quelque chose au-delà du dessin... un secret. Tant de lumière et tant de grâce...
Un écureuil mort un jour d'automne, immortalisé, me fait penser à Dürer. La mort est présente ici, mais elle est transcendée, au-dessus de l'écureuil cette blancheur et les branches de fleurs, disent aussi la vie. Cette oeuvre me touche profondément, les paysages oniriques plus particulièrement.
Ainsi de Après la pluie la lune aux 72 pattes (gravure cuivre, verni mou) : un enchantement, une "sorcellerie évocatoire", on a envie de pénétrer, de s'enfoncer dans cet entrelac de fougères, d'aller plus loin.. Le fantastique poétique de la série des épouvantails me ravit.
le chemin qui mène à l'ancien port de flottage |
la bienheureuse fraîcheur des arcades |
Raymond Lafage (1656-1684) |
L'exposition temporaire a pris presque toute la capacité d'accrochage du musée. Nous ne verrons donc pas la collection permanente, en dehors de la salle consacrée aux dessins et gravures de Lafage. Nous découvrons l'exposition. Les paysages de René Izaure, sont mystérieux, envoûtants, pour certains, presque mystiques.
Montagne pyrénéennes traitées en estampes japonaises. Le regard est happé, captivé, émerveillé, invité à découvrir quelque chose au-delà du dessin... un secret. Tant de lumière et tant de grâce...
Un écureuil mort un jour d'automne, immortalisé, me fait penser à Dürer. La mort est présente ici, mais elle est transcendée, au-dessus de l'écureuil cette blancheur et les branches de fleurs, disent aussi la vie. Cette oeuvre me touche profondément, les paysages oniriques plus particulièrement.
Ainsi de Après la pluie la lune aux 72 pattes (gravure cuivre, verni mou) : un enchantement, une "sorcellerie évocatoire", on a envie de pénétrer, de s'enfoncer dans cet entrelac de fougères, d'aller plus loin.. Le fantastique poétique de la série des épouvantails me ravit.
Le fabricant d'épouvantails |
Je ne sais pas grand chose de René Isaure, sinon qu'il enseigna aux Beaux-Arts de Toulouse de 1964 à 1990, il vit toujours près de Pau et il est né à Vic Dessos en Ariège.
Ses Angéliques, ses pivoines, ses roses trémières sont plus que des dessins de fleurs, il leur donne une présence, une âme, il nous les fait regarder comme des êtres vivants . Les paysages pyrénéens sont d'une beauté inquiétante, on y sent passer le souffle des légendes des pays de neige et de rochers, aux nuits d'hiver interminables...
Je reste rêveuse devant Maremma ( dessin pour leRivage des Syrtes)
il se trouve que Gracq est un de mes écrivains de prédilection, a-t-il illustré ainsi tout le roman?Lorsque l'on parvient (difficilement) à rompre l'envoûtement et à sortir du musée, on se demande pourquoi utiliser des couleurs. Il faut, toute affaire cessante, courir voir cette exposition qui est en place jusqu'au 22 mai.
René Isaure est quelqu'un de rare, de discret, il ne faut pas passer à côté
dimanche 8 mai 2011
Art Postal (suite)
J'ai accompagné mon premier art postal au Lecteur du Val, d'un petit pastiche à la manière de Rimbaud, lequel a visiblement inspiré l'association dans le choix de son intitulé (Rimbaud, pas le pastiche).
La Lectrice du Val
C'est un petit vallon où chante la rivière
l'herbe y est accueillante et les oiseaux complices
font un choeur qui ravit l'âme de la lectrice
C'est un petit vallon où bruisse* la lumière
Une jeune fille, yeux baissés sous le grand chapeau bleu
Et la nuque appuyée au tronc d'un vieux tilleul
Lit; elle est assise sur l'herbe fraîche dans l'ombre mauve
du géant centenaire qui embrasse la nue.
Les pieds nus dans l'eau fraîche, elle lit; souriant
comme sourit l'enfant qu'enchante les histoires
d'elfes et de lutins dansant sous les ombrages.
Les effluves miellées enivrent sa narine
elle lit dans l'ombre douce et sa main s'abandonne
au fil de l'eau qui, lisse, entre ses doigts frissonne.
25 mars 2011
*licence poétique
* variante pour le dernier tercet :
Un léger soupir d'aise soulève sa poitrine
sur son front pur et lisse ne passe aucun nuage
elle lit dans l'ombre douce aux fragrances suaves.
* autre variante :
"au rythme du roman sa poitrine charmante
se soulève et palpite d'émotion grandissante
pour les malheurs d'Emma et de son coeur volage."
Ce sonnet était accompagné d'une note:
Durant l'été 1870, Arthur Rimbaud connait ses premiers émois amoureux. Lors de ses vagabondages dans la campagne des Ardennes autour de Charleville, il rencontre une jeune fille : elle lit au bord de la Meuse à l'ombre d'un tilleul, et Arthur est fasciné par son ravissant profil sous le grand chapeau bleu (ce fut comme une apparition... aurait dit Flaubert). Mais, non loin de là, le père de la demoiselle -moustache, faux-col et guêtres- veille. Impossible d'approcher la belle. De retour
dans sa chambre, Arthur écrit Roman, que tout un chacun connait.... Il écrit aussi un sonnet, (dont le dernier tercet eut plusieurs variantes), et dont le manuscrit fut retrouvé par hasard, longtemps après sa mort, par les héritiers de sa soeur Isabelle. Celle-ci ne le jugeant pas abouti, l'écarta lors de la publication des oeuvres complètes du poète. Il ne présente effectivement pas un grand intérêt, sinon qu'il annonce, le magnifique
Dormeur du Val écrit en octobre 1870. Ainsi, le choix de la forme fixe, un vocabulaire simple, commun aux deux poèmes témoignent de leur filiation.
Mais de la Lectrice du Val où la dérision n'est point absente- tout comme dans Roman,- au Dormeur du Val
la Commune et la Terrible guerre de 1870 ont relégué l'idylle loin des préoccupations de l'adolescent. La tragédie est là et le sourire n'est plus de mise.
MJW - Etudes Rimbaldiennes 2, in Petits pastiches,
Billevesées et Coquecigrues. ( Les éditions du Nonchaloir)
J'ai reçu une invitation du Lecteur du Val : j'ai été sélectionnée parmi les 127 concurrents. Pour lequel des deux arts postaux envoyés, je ne le sais. Quel suspens!!!! remise des "prix" (une plume d'oie? un carnet de timbre?) la semaine prochaine. Je n'en dors plus....
Devise du jour :
Chi va piano, va sano, va lontano...
La Lectrice du Val
C'est un petit vallon où chante la rivière
l'herbe y est accueillante et les oiseaux complices
font un choeur qui ravit l'âme de la lectrice
C'est un petit vallon où bruisse* la lumière
Une jeune fille, yeux baissés sous le grand chapeau bleu
Et la nuque appuyée au tronc d'un vieux tilleul
Lit; elle est assise sur l'herbe fraîche dans l'ombre mauve
du géant centenaire qui embrasse la nue.
Les pieds nus dans l'eau fraîche, elle lit; souriant
comme sourit l'enfant qu'enchante les histoires
d'elfes et de lutins dansant sous les ombrages.
Les effluves miellées enivrent sa narine
elle lit dans l'ombre douce et sa main s'abandonne
au fil de l'eau qui, lisse, entre ses doigts frissonne.
25 mars 2011
*licence poétique
* variante pour le dernier tercet :
Un léger soupir d'aise soulève sa poitrine
sur son front pur et lisse ne passe aucun nuage
elle lit dans l'ombre douce aux fragrances suaves.
* autre variante :
"au rythme du roman sa poitrine charmante
se soulève et palpite d'émotion grandissante
pour les malheurs d'Emma et de son coeur volage."
Ce sonnet était accompagné d'une note:
Durant l'été 1870, Arthur Rimbaud connait ses premiers émois amoureux. Lors de ses vagabondages dans la campagne des Ardennes autour de Charleville, il rencontre une jeune fille : elle lit au bord de la Meuse à l'ombre d'un tilleul, et Arthur est fasciné par son ravissant profil sous le grand chapeau bleu (ce fut comme une apparition... aurait dit Flaubert). Mais, non loin de là, le père de la demoiselle -moustache, faux-col et guêtres- veille. Impossible d'approcher la belle. De retour
dans sa chambre, Arthur écrit Roman, que tout un chacun connait.... Il écrit aussi un sonnet, (dont le dernier tercet eut plusieurs variantes), et dont le manuscrit fut retrouvé par hasard, longtemps après sa mort, par les héritiers de sa soeur Isabelle. Celle-ci ne le jugeant pas abouti, l'écarta lors de la publication des oeuvres complètes du poète. Il ne présente effectivement pas un grand intérêt, sinon qu'il annonce, le magnifique
Dormeur du Val écrit en octobre 1870. Ainsi, le choix de la forme fixe, un vocabulaire simple, commun aux deux poèmes témoignent de leur filiation.
Mais de la Lectrice du Val où la dérision n'est point absente- tout comme dans Roman,- au Dormeur du Val
la Commune et la Terrible guerre de 1870 ont relégué l'idylle loin des préoccupations de l'adolescent. La tragédie est là et le sourire n'est plus de mise.
MJW - Etudes Rimbaldiennes 2, in Petits pastiches,
Billevesées et Coquecigrues. ( Les éditions du Nonchaloir)
J'ai reçu une invitation du Lecteur du Val : j'ai été sélectionnée parmi les 127 concurrents. Pour lequel des deux arts postaux envoyés, je ne le sais. Quel suspens!!!! remise des "prix" (une plume d'oie? un carnet de timbre?) la semaine prochaine. Je n'en dors plus....
Devise du jour :
Chi va piano, va sano, va lontano...
lundi 2 mai 2011
Art Postal
art postal dessin à la plume et encre de chine et poème d'adresse (recto) |
art postal verso, plume et encre de chine |
art postal 2 illustration des mots proposés par le Lecteur du Val pour son concours (recto) |
verso |
Des Histoires de sardines et de Bouteilles à la mer :
La sardine qui voulait remonter la Garonne..... |
la Dormeuse du Jaur |
jeter l'encre |
art postaux envoyés à Cat |
Bienheureuse paresse
Une semaine de vacances. De retour à Lacroix, il a suffit d'une semaine pour que ma petite chambre de verdure ressemble à une jungle. A peine ai-je le dos tourné que la glycine lance à tout va ses bras de méduse et enlace tout ce qu'elle rencontre, la coquine, le chèvrefeuille ne veut pas être en reste, et colonise rosiers, et lauriers roses... A moi sécateur, et taille-haie....
Avril
Regarde
de l'Amandier la vie, secrète, sourd
têtue, elle irradie la nuit d'avril
et nous parle des morts
qui veillent sous les feuilles.
Ecoute
la jeune sève murmure
dans les pétales tendres
Toute une floraison tremblante
dénonce le givre du chagrin.
Respire
le vent chuchote
un secret dans les nids
chassant l'ombre rapace
dilatant le coeur sombre :
Les morts ne sont pas seuls
Les morts vivent en nous.
"Les trois saisons de la rage" de Victor Cohen Hadria, vie ordinaire d'un médecin de campagne en 1865 sous la forme d'une correspondance d'abord, puis d'un journal. Un sujet original, une étude de moeurs intéressante et un regard lucide et humaniste sur notre pauvre condition humaine.
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