Citations


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Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa

"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé

"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."

Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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jeudi 23 juin 2011

éterniser l'instant,

Eterniser l'instant,

 Si l'on monte tout en haut de Reilhanette, sur l'esplanade verte devant les ruines de l'ancien château, trois très vieux amandiers,
sentinelles du temps, veillent. Depuis des siècles ils ont lutté contre le mistral, qui les a sculptés, tordus... Il en est un que je préfère : c'est l'amandier au lièvre. C'est ainsi que je l'ai baptisé. Il m'a inspiré ce petit conte.

Il y a bien longtemps, dans le pays de Reilhanette vivait un très vieux lièvre. Toute sa vie, il avait échappé aux chasseurs, tant il était rusé et agile et l'on ne comptait plus, dans le pays, le nombre de ses descendants... Toute sa vie, il avait batifolé dans les lavandes et les genêts, s'était gavé de thym et de romarin; il connaissait le pays comme personne, savait les combes où les sources coulaient même lors des étés les plus secs,  les petits prés où l'herbe est la plus douce, les pièges à éviter.  Des quatre coins du pays on venait le consulter, pour savoir où se trouvait le thym le plus odorant
les cachettes pour échapper aux chasseurs.... C'était un très vieux lièvre, très sage.
Le soir il aimait à se reposer sous un vieil amandier sous le château de Reilhanette.
Ils étaient ainsi devenus amis, et se réconfortaient l'un l'autre, des misères de l'âge, se racontaient leur folle jeunesse, et  parfois ne se disaient rien, mais appréciaient en silence la présence de l'autre tandis que la lune se levait sur le pic de Lure, au-dessus de Montbrun, et que l'air se remplissait du parfum miellé des tilleuls. Il arrivait que le vieux lièvre soupirât , le coeur étreint par toute cette beauté qu'un jour proche, il ne verrait plus. Il enviait son ami l'amandier, tout perclus de rhumatismes, mais toujours debout, résistant aux assauts du Mistral, et chaque année refleurissant et prodiguant sa récolte d'amandes, dont le vieux lièvre était friand.
"Je vais bientôt mourir," dit un jour le vieux lièvre, "et je t'envie, l'amandier, de pouvoir encore vivre des années dans ce pays que j'aime tant. Un jour je n'échapperai plus au chasseur et je finirai en civet, où je mourrai en hiver et mon corps servira de pâture aux vautours.Cela est bien triste."
"Jamais, lui répondit l'amandier, ce jour n'arrivera". Lorsque tu sentiras tes forces t'abandonner, vient t'allonger à mon pied, je ferai en sorte que tu vives éternellement, et nous ne serons pas séparés."
Quand le temps fut venu de quitter lavandes et romarins, le vieux lièvre vint donc s'allonger au pied de son ami l'amandier. Celui-ci, tint sa promesse, avant que son ami ne ferme les yeux, il  allongea deux branches jusqu'au sol et enlaça son fidèle compagnon, le serrant étroitement contre sa peau rugueuse, si étroitement que peu à peu il ne firent plus qu'un. Et depuis l'on peut voir dans le tronc de l'amandier, la tête du lièvre, le regard fixé éternellement sur Montbrun. "


le géant
 un des nombreux chênes centenaires de Reilhanette.



 A Montbrun, tout comme à Reilhanette, chaque rue a sa fontaine qui coule généreusement. Il est vrai que Montbrun, plus beau village de France est aussi une station thermale, les ruisseaux ici semblent souvent à sec, mais cela est trompeur, ce pays calcaire cache ses richesses mais les dispense généreusement au passant.
une fontaine, une table et des chaises, quelques fleurs, sous l'acacia, tout un programme du savoir bien vivre en pays provençal.
 Lundi, jour de marché à Bédoin, au pied du Ventoux, parfums de fleurs, d'épices et d'olives.
Accent ensoleillé de la marchande d'olives qui fait la tapenade et l'ail confit comme personne.  Etalages colorés qui donnent envie de dessiner, ce que j'ai fait.

 Après nous être rassasié les yeux , les oreilles et les narines, nous allons déjeuner à Pasta et Basta, notre restaurant préféré : cuisine italo-provençale, familiale, assaisonnée de petites scènes cocasses en italien. Une cuisine d'amour, dans un endroit magique.
 A Vaison-la-Romaine, la vierge noire est si belle...
  l'orage tourne au-dessus de Montbrun, le pic de Lure disparait dans les nuages, les éclairages sont superbes, changeant sans cesse....
 autre magnifique panorama, les dentelles de Montmirail, on  ne s'en lasse pas... et les genêts embaument le miel....
 à Brantes, la vue sur le Ventoux , la face nord est encore plus belle que la face sud.... on le croirait enneigé, mais il n'en est rien...
 une journée passée en Avignon, cette fois-ci sans le mistral.
Au musée du petit palais les Bellini, Carpaccio, et les vierges du quattrocento nous éblouissent.



De retour à Lacroix, mon jardin me semble encore plus minuscule après les jardins de l'abbaye Saint-André à Villeneuve les Avignon, et le rocher des Dons. Mais les Hortensias sont "gorgeous" comme dirait les anglais. "en gloire".

1 commentaire:

  1. Quelle belle balade provencale! Le lievre en embrassant l'amandier a suspendu le Temps. ton courrier portait le parfum des vacances. je crois que c'est cette parenthese qui me manque pour retrouver l'elan. Cat

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