C'était il y a plus de vingt ans, nous habitions depuis 5 ans à Lacroix. Un soir de printemps je m'occupais à transformer peu à peu une cours ingrate en ce qui allait devenir notre chambre de verdure. Soudain une petite forme brune a détalé, je n'ai pas eu le temps de voir ce que c'était, mais c'était si minuscule que j'ai pensé à un campagnol. Le lendemain, j'ai surpris un tout petit chaton dormant sur un tas de feuilles, à peine entrevu déjà disparu. J'ai commencé à chercher dans les environs une mère chatte, d'autres chatons, rien. Jour après jour le chaton est revenu, nous avons commencé à le nourrir, mais il était très méfiant et ne s'approchait du plat que si nous étions éloignés de cinq mètres, toute tentative d'approche se soldait par une fuite éperdue. Il nous fallut plus de cinq mois pour gagner sa confiance et le faire entrer à la maison, d'avril à octobre: durant les vacances notre voisine prit le relais d trois semaines, en septembre le chaton jouait et répondait toujours au nom de "chaton", progressivement elle est entrée à la maison, s'est laissée caresser, c'était une fille, nous l' avons alors baptisée Manon. Lorsque nous l'avons découverte elle ne devait pas avoir plus de six semaines, nous nous sommes toujours demandés comment elle avait pu survivre sans mère, sinon en mangeant les quelques miettes de pain que je mettais aux oiseaux. Comment était elle arrivée là? d'où venait-elle? Mystère.
Nous avions déjà deux chattes, âgées, Manon évita notre ombrageuse Sarah, la doyenne, mais trouva en Noisette une merveilleuse compagne de jeux, bien que celle-ci, déjà malade, n'ait plus eu que deux ans à vivre.
Manon, la douce petite Non, Manounette, Nouchka, Nouchicat, Nouch, notre Babouchkat nous a suivi partout, discrète, et gourmande pendant 20 ans et deux mois. Elle avait la visage en coeur et les yeux bombés des chartreux, mais une robe rayée de chat tigré ordinaire sur le dos, et un ventre de pain d'épices. Elle ne nous a jamais griffé, elle a connu tous nos chats. Elle nous a quitté le 3 juin, et repose à présent sous les forsythias et les roses du jardin près de Cannelle, bercée par les chants d'oiseaux. Sa silencieuse présence est devenu une assourdissante absence. C'est la première fois en 37 ans que nous n'avons aucun chat dans la maison. Il y a bien sûr les chats squatteurs du jardin, mais que la maison est vide sans cette petite âme. Il y a trois ans encore nous avions quatre chats. Bien sûr il y en aura un autre un jour, pas tout de suite, pas comme consolation. Il faut que le temps passe, ils me manquent tous tant.
La vie est faite de détachements, mais que ces liens tissés sont longs à défaire et l'absence si douloureuse.
Comme me manque le geste quotidien qu'elle adorait, de la brosser longuement, comme me manque l'éclair roux de notre malicieuse Cannelle, son petit minois de lutin, la noble silhouette de Réglisse, les roucoulements de la poupée Chipie, la voluptueuse Nougatine, l'irascible et exclusive Sarah notre toute première aux yeux de turquoises, et la délicate et poétique Noisette.
Aujourd'hui je les réunis une dernière fois
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Manon à Olargues |
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Le lutin Cannelle |
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Noisette la première partie, si délicate. |
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Manon avec Antoine, une si belle amitié |
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Nougatine à Reilhanette |
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Le Nougatchat |
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Les jeux de Manon et Cannelle |
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Un des endroits préférés de Manon |
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la veillée à Olargues |
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La princesse Sarah qui vécu 23 ans, notre première |
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Réglisse, le petit boy, le seul chat de la maison |
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Chipie la poupée |
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Réglisse à Sils Maria |
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Il allumait ses lanternes |
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Réglisse Royal à Reilhanette |
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Manon la toute douce à Reilhanette |
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