Je ne savais pas comment lui faire passer un message autrement , et finalement c'est en pensant à Quentin et à Cat que j'ai trouvé la solution. Merci vous faites des émules.
Citations
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"Sous le soleil du matin un grand bonheur se balance dans l'espace" Camus - Noces à Tipasa
"Demain, je surprendrai l'aube rouge sur les tamaris mouillés de rosée saline, sur les faux bambous qui retiennent à la pointe de chaque lance bleue, une perle." Colette . La Naissance du JourDé
"Déjà mon reflet d'arbre planté devant moi
L'image de ma vie entre ciel et terre;
le tronc qui va profond, les rameaux coupés courts,
le double geste des branches dures qui veut être
un désir d'embrasser le ciel;
0 mes bras trop courts envieux des oiseaux."
Mas-Felipe Delavouet, Pouèmo I
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lundi 28 mars 2011
jeudi 24 mars 2011
Nougatine

Ma Praline, ma Charmante,
Mon Amoureuse, ma Danseuse
Ma douce petite Chatte,
Mon tout petit Flocon.
Tu ne reviendras plus exiger la caresse.
Fini, les coups de tête qui nous disaient "je t'aime"
Fini, la patte qui me retient et réclame un câlin.
Ton beau regard d'eau verte voit d'autres paysages.
Tu nous manques déjà

Dors, ma Ravissante,
Mon Isabelle, ma Belle,
Dors sous les charmilles vertes
du glorieux printemps
aux bras chargés de nids.

24 mars 2011
mardi 22 mars 2011
Art Thérapie à L'hôtel-Dieu
Quelques unes des oeuvres exposées
qui m'ont particulièrement touchée.
samedi 19 mars 2011
Insomnie
![]() |
Collage, dessin encre de chine, néocolor et pastels gras, en pensant à Milton |
Ai-je mal lu à la médiathèque, il me semble qu'un carnet a pour titre "la mastication des morts", peut-être est-ce "la mastication des mots". Mes morts, je les mâche et remâche, sans pour autant les digérer. Cela viendra, je sais. Et puis, un jour ce sera mon tour, et je souhaite comme tout un chacun que la mort soit rapide, indolore, si possible dans mon sommeil, exempte de toute peur. "O douleur, O douleur, le temps mange ma vie."
Echappe-t-on au sentiment de l'éphèmérité lorsque l'on a donné la vie. Je m'y suis toujours refusée pour des tas de raisons. Je ne le regrette pas. Prolongement de soi, transmission, durer un peu plus à travers les gênes transmis, la ressemblance, le souvenir que l'on laisse, qu'est cela face au gouffre final où tout finit par s'engloutir, à notre poussière d'homme au regard des millénaires. Penser qu'un jour notre planète elle-même disparaîtra, ira elle aussi rejoindre le néant avec tous les trésors artistiques qui font notre bonheur, la mémoire même de l'humanité. Dans cette perspective on numérise, on archive, on envoie en orbite la mémoire et les découvertes, les trésors de l'humanité, on préserve dans des souterrains capables de résister à des cataclysmes....
Je ne suis jamais gaie à 4 heures du matin. Cependant, l'insomnie n'est heureusement pas que la mastication de mes angoisses et tristesses, elle m'a permis d'écrire bien des poèmes et des jolies histoires pour mes petites voisines, de faire des collages. Je me suis distanciée de l'écriture du moi, que je juge trop souvent, à la relecture, dérisoire, complaisante, impudique : à moins d'être Montaigne, Proust, Châteaubriand ou Mauriac (ah! ses superbes Mémoires Intérieurs), les réflexions sur sa propre vie ont souvent des relents de lieux communs, de banalités cent fois redites.
Allons, Cannelle me regarde de travers, tandis que j'écris, elle, qui a décidé qu'une fois pour toute notre lit est son royaume, et n'y tolère aucun des autre chats de la maison (nous n'y sommes nous-mêmes que des invités) s'est installée sur ma poitrine, exigeant la caresse, et regardant d'un air ronchon cette main qui écrit. Elle, est dans l'instant et je l'envie, dans le bien-être immédiat, point de projection vers un futur angoissant où un passé qui se délite. Prenons exemple.
CARPE DIEM, il faut s'y employer. Allons, les doigts enfoncés dans sa rousse fourrure et puisque l'insomnie ne me lâche pas, plongeons-nous dans la lecture des élucubrations poétiques de Frédéric tic-tic, alias Monsieur Luminus, , alias Frédéric Clément, et de son tour du monde en 80 heures et 335 990 battements de coeur, partons en apesanteur: si ce n'est pas le bonheur, cela y ressemble fort. Tout à l'heure peut-être le sommeil alourdira à nouveau mes paupières avec l'espérance de faire un joli rêve. Sinon, je me léverai pour savourer un velouté chocolat avec une pointe de vanille.... et le croissant de la veille que je n'ai pas mangé. Chic.
jeudi 17 mars 2011
Jeannette
Voilà c'est fini. A votre tour vous êtes partie vers ces rivages inconnus où ceux que vous avez aimé vous attendent. Jamais plus je n'entendrai votre voix, par dessus le mur de la terrasse :
- Qu'est-ce que vous faites ?
- J'ai fait de la soupe aux herbes, vous en voulez? Je vous en fait passer un bol par-dessus le mur.
- Ouh!!! je suis fatiguée... mais venez voir mes pavés comme ils brillent.
- J'ai fait la lessive, comme elle sent bon... Venez étendre, elle va sécher avec cette tramontane..
Vous regardiez le ciel, sceptique :
- ce temps n'est pas encore guéri...
Moi :
- ça va, Jeannette? où est le Martychat?
- Oh! il rôde, le voyou. J'ai ciré ma commode, vous viendrez voir comme elle brille. Ah! ça, je ne l'ai pas faite périr.
C'était l'une de vos préoccupations, ne pas faire périr les choses dont vous ne vous sentiez jamais tout à fait
propriétaire, mais seulement dépositaire, en attendant de les transmettre...
27 ans que nous nous connaissions, que nous nous appréciions. Je ne mangerai jamais plus d'aussi savoureuses soupes, nées d'un long savoir faire transmis, de cuisine simple mais goûteuse.
Vous me manquez déjà Jeannette. J'avais ouvert mon carnet de voyage avec votre portrait et qu'importe s'il n'était pas tout à fait fidèle, c'est à vous que j'avais immédiatement pensé lorsque Quentin nous avait demandé lors du second cours, de faire un portrait-reportage. J'avais espéré que vous seriez centenaire, on ne vous donnait pas vos 88 ans, mais durant ces trois derniers mois depuis votre hospitalisation, ils vous avaient malheureusement rattrapée. Adieu, Jeannette! ma si gentille voisine. Finies nos bonnes causettes... nos petites dinettes ensemble,
les soirées d'été rue Méjeane à causer à l'ancienne assises sur les devant des portes, le Martychat jamais bien loin de vous.... jamais plus...

- Qu'est-ce que vous faites ?
- J'ai fait de la soupe aux herbes, vous en voulez? Je vous en fait passer un bol par-dessus le mur.
- Ouh!!! je suis fatiguée... mais venez voir mes pavés comme ils brillent.
- J'ai fait la lessive, comme elle sent bon... Venez étendre, elle va sécher avec cette tramontane..
Vous regardiez le ciel, sceptique :
- ce temps n'est pas encore guéri...
Moi :
- ça va, Jeannette? où est le Martychat?
- Oh! il rôde, le voyou. J'ai ciré ma commode, vous viendrez voir comme elle brille. Ah! ça, je ne l'ai pas faite périr.
C'était l'une de vos préoccupations, ne pas faire périr les choses dont vous ne vous sentiez jamais tout à fait
propriétaire, mais seulement dépositaire, en attendant de les transmettre...
27 ans que nous nous connaissions, que nous nous appréciions. Je ne mangerai jamais plus d'aussi savoureuses soupes, nées d'un long savoir faire transmis, de cuisine simple mais goûteuse.
Vous me manquez déjà Jeannette. J'avais ouvert mon carnet de voyage avec votre portrait et qu'importe s'il n'était pas tout à fait fidèle, c'est à vous que j'avais immédiatement pensé lorsque Quentin nous avait demandé lors du second cours, de faire un portrait-reportage. J'avais espéré que vous seriez centenaire, on ne vous donnait pas vos 88 ans, mais durant ces trois derniers mois depuis votre hospitalisation, ils vous avaient malheureusement rattrapée. Adieu, Jeannette! ma si gentille voisine. Finies nos bonnes causettes... nos petites dinettes ensemble,
les soirées d'été rue Méjeane à causer à l'ancienne assises sur les devant des portes, le Martychat jamais bien loin de vous.... jamais plus...

mardi 15 mars 2011
Dessiner avec des lettres
dessiner avec des lettreshttp://www.storyabout.net/typedrawing/typedrawing.php?requestedID=Découverte aujourd'hui d'un site original. Dommage que le dessin soit limité.
à visiter, ainsi que le blog de Casajordi et ses étranges et surréalistes collages.
à visiter, ainsi que le blog de Casajordi et ses étranges et surréalistes collages.
jeudi 10 mars 2011
Petit Inventaire d'expressions félines
Appeler un chat un chat.
Jouer à chat perché.
Jouer au chat et à la souris.
A bon chat, bon rat.
Avoir un chat dans la gorge.
Chacun cherche son chat.
Une toilette de chat.
Un saut de chat.
Un air de chattemitte.
La nuit tous les chats sont gris.
Quand le chat n'est pas là, les souris dansent!
Chat échaudé craint l'eau froide!
une écriture de chat.
Acheter chat en poche!
Il n'y a pas un chat.
Il n'y a pas de quoi fouetter un chat!
Donner sa langue au chat!
Avoir d'autres chats à fouetter!
Langue de chat.
gourmande comme une chatte.
chat à neuf queues.
"Le chat se contenta de sourire en voyant Alice. Il semblait de bonne humeur, mais comme il avait vraiment de très longues griffes et de très nombreuses dents, elle devina qu'il fallait le traiter avec respect.
-Minou de Chester, commença-t-elle assez timidement, ne sachant pas si ce nom lui plairait.
Pourtant, le sourire du chat s'élargit encore un peu plus. "Bon, pour l'instant, il est content", pensa Alice avant de poursuivre.
-Auriez-vous l'amabilité de m'indiquer quel chemin prendre pour m'en aller d'ici?
- Cela dépend beaucoup d'où tu veux aller, répondit le Chat.
...."
Lewis Carroll Alice au Pays des Merveilles.
Jouer à chat perché.
Jouer au chat et à la souris.
A bon chat, bon rat.
Avoir un chat dans la gorge.
Chacun cherche son chat.
Une toilette de chat.
Un saut de chat.
Un air de chattemitte.
La nuit tous les chats sont gris.
Quand le chat n'est pas là, les souris dansent!
Chat échaudé craint l'eau froide!
une écriture de chat.
Acheter chat en poche!
Il n'y a pas un chat.
Il n'y a pas de quoi fouetter un chat!
Donner sa langue au chat!
Avoir d'autres chats à fouetter!
Langue de chat.
gourmande comme une chatte.
chat à neuf queues.
"Le chat se contenta de sourire en voyant Alice. Il semblait de bonne humeur, mais comme il avait vraiment de très longues griffes et de très nombreuses dents, elle devina qu'il fallait le traiter avec respect.
-Minou de Chester, commença-t-elle assez timidement, ne sachant pas si ce nom lui plairait.
Pourtant, le sourire du chat s'élargit encore un peu plus. "Bon, pour l'instant, il est content", pensa Alice avant de poursuivre.
-Auriez-vous l'amabilité de m'indiquer quel chemin prendre pour m'en aller d'ici?
- Cela dépend beaucoup d'où tu veux aller, répondit le Chat.
...."
Lewis Carroll Alice au Pays des Merveilles.
Immortalité numérique
Entendu avant hier au journal télévisé : deux américains numérisent leur vie entière : ils se filment en permanence dans toutes leurs activités quotidiennes, numérisent et archivent tout document en relation avec leur vie : photos de famille, arbre généalogique, factures, billets de théâtre, d'exposition, listes de courses etc..., journal quotidien où ils notent tout -ce qu'ils mangent, lisent, regardent) ceci afin d'atteindre l'immortalité numérique (à défaut de l'autre). Bref, une autobiographie totale laissée aux générations futures (certainement intéressante pour les historiens, les ethnologues et les sociologues). Mais qui exprime une confiance absolue en la pérennité du support utilisé. Bien sûr il s'agit toujours de laisser une trace, de continuer à exister au-delà de la disparition physique. Le dur désir de durer...
mercredi 9 mars 2011
MONSTRES
Nous étions 4 enfants dans la petite maison des Vosges. Longtemps nous ne fûmes que trois, le dernier d'entre-nous étant venu au monde huit ans après moi. J'étais la seconde.L'hiver venu - et les neiges, et le froid, la

cuisinière charbon/bois marchait à plein régime dans la cuisine où la chaleur était presque étouffante. On n'allumait le poêle des chambres que lorsque la température extérieure voisinait les 0° et que des fleurs de givre étoilaient les fenêtres. Au-dessus de 0 on devait se
contenter de briques brûlantes enveloppées dans des journaux et un torchon pour réchauffer les draps glacés. Et puis, il y avait les édredons de plumes. L'hiver avant de se coucher, nous devions aller chercher au grenier, dans un coffre, les lourds édredons de plumes et les briquettes d'anthracite qui maintiendraient la cuisinière allumée toute la nuit. Je redoutais ce moment. Je savais qu'un monstre se tenait tapi, invisible, dans un des recoins sombres du grenier et que lorsque je monterais chercher, le coeur battant, mon "plumon" , il m'épierait, attendrait patiemment son heure, pour m'emporter au fond de son repaire.Je montais les marches le plus silencieusement possible, espérant tromper sa vigilance. Je connaissais tous les endroits où il fallait éviter de poser les pieds afin de ne pas faire grincer le bois des marches. Le coffre des édredons se trouvait en haut de l'escalier, à l'entrée du grenier, vite je me saisissais du premier édredon, l'ampoule sans abat-jour oscillait au bout d'un long fil dispensant une lumière jaune qui allongeait démesurément les camps d'ombre menaçants.
4 par 4 je redescendais les marches au risque de me rompre le cou, empêtrée dans l'édredon qui m'encombrait les bras, sentant sur mon cou l'haleine du monstre qui me talonnait. Je refermais sur lui la porte que j'avais laissé volontairement grande ouverte et tournais la grosse clé deux fois (mon père était étonné toujours de mon insistance pour qu'il huile les gonds et la serrurede la porte du grenier régulièrement). Haletante, le dos appuyé à la porte, le coeur bondissant dans ma poitrine, je m'efforçais alors de me calmer et de respirer. Cette fois-ci encore je Lui avais échappé, mais je savais que ce n'était qu'un sursis, et qu'un jour viendrait où il réussirait à m'attraper et à m'emporter dans sa tanière, et cela me remplissait d'une terreur indicible.
Longtemps après avoir quitté la maison je rêvais que je devais monter au grenier et que le monstre une fois de plus me poursuivait et je me réveillais terrorisée, aucun monstre de cinéma : Nosferatu, Frankenstein, M le maudit, où le chasseur d'enfant de la Nuit du Chasseur ne m'a autant rempli d'angoisse.
Pourtant, dans la journée, le grenier ne suscitait aucune peur : l'été et l'automne c'était un espace de jeux agréable, avec ses odeurs de poussière et de vêtements d'hiver- imprégnés de naphtaline et rangés dans de grandes armoires anciennes-, qui se mêlaient au parfum des pommes reinettes qui se ridaient sur les clayettes et des noix dont, gourmande, je remplissais mes poches en cachette. Une lumière dorée ou blanche selon la saison tombait du larmier du toit, les bocaux de mirabelles, de brimbelles (c'est le nom que l'on donne aux myrtilles en lorraine), de haricots verts et de petits pois, les confitures couvertes de leur pellicule de paraffine et rangées sur les étagères offraient un spectacle rassurant. Aucun monstre ne se cachait la journée dans le grenier. C'était un autre lieu que celui de l'hiver et de la nuit aux ombres maléfiques.
Mon monstre était silencieux et invisible et d'autant plus terrifiant qu'il n'avait ni visage, ni forme, que je ne l'avais jamais vu, mais que je le savais tapi dans un recoin sombre du grenier à m'attendre.
La maison existe toujours, aujourd'hui vide et silencieuse, refermée sur ses souvenirs et sur les voix qui se sont tues, mais je sais que je redouterais encore de monter, une nuit d'hiver les marches raides de l'escalier du grenier où un monstre attend toujours - tapi dans l'ombre - l'enfant que je fus.

cuisinière charbon/bois marchait à plein régime dans la cuisine où la chaleur était presque étouffante. On n'allumait le poêle des chambres que lorsque la température extérieure voisinait les 0° et que des fleurs de givre étoilaient les fenêtres. Au-dessus de 0 on devait se
contenter de briques brûlantes enveloppées dans des journaux et un torchon pour réchauffer les draps glacés. Et puis, il y avait les édredons de plumes. L'hiver avant de se coucher, nous devions aller chercher au grenier, dans un coffre, les lourds édredons de plumes et les briquettes d'anthracite qui maintiendraient la cuisinière allumée toute la nuit. Je redoutais ce moment. Je savais qu'un monstre se tenait tapi, invisible, dans un des recoins sombres du grenier et que lorsque je monterais chercher, le coeur battant, mon "plumon" , il m'épierait, attendrait patiemment son heure, pour m'emporter au fond de son repaire.Je montais les marches le plus silencieusement possible, espérant tromper sa vigilance. Je connaissais tous les endroits où il fallait éviter de poser les pieds afin de ne pas faire grincer le bois des marches. Le coffre des édredons se trouvait en haut de l'escalier, à l'entrée du grenier, vite je me saisissais du premier édredon, l'ampoule sans abat-jour oscillait au bout d'un long fil dispensant une lumière jaune qui allongeait démesurément les camps d'ombre menaçants.
4 par 4 je redescendais les marches au risque de me rompre le cou, empêtrée dans l'édredon qui m'encombrait les bras, sentant sur mon cou l'haleine du monstre qui me talonnait. Je refermais sur lui la porte que j'avais laissé volontairement grande ouverte et tournais la grosse clé deux fois (mon père était étonné toujours de mon insistance pour qu'il huile les gonds et la serrurede la porte du grenier régulièrement). Haletante, le dos appuyé à la porte, le coeur bondissant dans ma poitrine, je m'efforçais alors de me calmer et de respirer. Cette fois-ci encore je Lui avais échappé, mais je savais que ce n'était qu'un sursis, et qu'un jour viendrait où il réussirait à m'attraper et à m'emporter dans sa tanière, et cela me remplissait d'une terreur indicible.
Longtemps après avoir quitté la maison je rêvais que je devais monter au grenier et que le monstre une fois de plus me poursuivait et je me réveillais terrorisée, aucun monstre de cinéma : Nosferatu, Frankenstein, M le maudit, où le chasseur d'enfant de la Nuit du Chasseur ne m'a autant rempli d'angoisse.
Pourtant, dans la journée, le grenier ne suscitait aucune peur : l'été et l'automne c'était un espace de jeux agréable, avec ses odeurs de poussière et de vêtements d'hiver- imprégnés de naphtaline et rangés dans de grandes armoires anciennes-, qui se mêlaient au parfum des pommes reinettes qui se ridaient sur les clayettes et des noix dont, gourmande, je remplissais mes poches en cachette. Une lumière dorée ou blanche selon la saison tombait du larmier du toit, les bocaux de mirabelles, de brimbelles (c'est le nom que l'on donne aux myrtilles en lorraine), de haricots verts et de petits pois, les confitures couvertes de leur pellicule de paraffine et rangées sur les étagères offraient un spectacle rassurant. Aucun monstre ne se cachait la journée dans le grenier. C'était un autre lieu que celui de l'hiver et de la nuit aux ombres maléfiques.
Mon monstre était silencieux et invisible et d'autant plus terrifiant qu'il n'avait ni visage, ni forme, que je ne l'avais jamais vu, mais que je le savais tapi dans un recoin sombre du grenier à m'attendre.
La maison existe toujours, aujourd'hui vide et silencieuse, refermée sur ses souvenirs et sur les voix qui se sont tues, mais je sais que je redouterais encore de monter, une nuit d'hiver les marches raides de l'escalier du grenier où un monstre attend toujours - tapi dans l'ombre - l'enfant que je fus.
quelque chose que j'ai adoré, magique, poétique,
sur la scène du grand théâtre le théâtre d'ombres intitulé Shadow monsters de Philip Worthington où les spectateurs jouent comme dans l'enfance à projeter des ombres chinoises qui fusionnent avec des éléments projetés par une caméra pour créer des monstres d'ombres.
dimanche 6 mars 2011
Explorations gourmandes en Lauragais
Non loin de Saint-Felix, un autre village "sanctifié" Saint-Julia, dit aussi Saint-Julia-gras-capon, ce qui associe nourritures spirituelles et nourritures terrestres dans un toponyme que Rabelais aurait apprécié. Comme Saint-Felix, Saint-Julia est une circulade, un village de l'an mil, qui s'enroule autour de son église et de sa halle - transformée en salle des fêtes . Le premier dimanche de décembre s'y tient la foire aux chapons, d'où son nom. Aujourd'hui, point de presse, point de chapon, le village est calme, presque désert, quelques bavardes sur un banc goûtent la douceur du jour, les autres habitants doivent faire la sieste. De très belles façades à colombages, l'église a été restaurée, et chose rare, est ouverte, mais l'intérieur est décevant, on y sent trop l'empreinte du 19 ème, dans les murs peints. Mais l'ensemble du village dans les murs est charmant, un peu hors du temps. La plus belle surprise du jour est le cimetière, il attire l'oeil de la route en contrebas par ses
on se croirait en Toscane à San Giminiano |
le clocher de Saint Julia |
le petit ange brisé devant la tombe | de Germaine morte à 14 mois en 1905 |
l'échappée belle |
Da stieg ein Baum. O reine Übersteigung!
O Orpheus singt! O hoher Baum im Ohr!
und alles schwieg. Doch selbst in der Verschweigung
ging neuer Anfang, Wink und Wandlung vor.
Alors un arbre S'éleva. O pure élévation!
O chant d'Orphée! O grand arbre dressé dans l'oreille!
Et tout se tut. Pourtant au sein même de l'unanime silence
s'accomplit un nouveau recommencement, signe et métamorphose.
nous nous sommes arrachés presque à regret à la beauté de ce lieu, regrettant qu'il n'y ait pas un banc où s'asseoir pour contempler et méditer. J'essaierai de dessiner à partir des quelques photos que j'ai prises.
Sur le retour nous sommes passés à Auriac sur Vendinelle, dont le nom m'enchantait, agréable village, mais sans la magie de Saint Julia. Il y avait cependant une exposition de l'artiste espagnol Guil, peintre et sculptrice,
de très belles scuptures sur marbre.
Au retour dans la lumière dorée de cette fin d'après-midi sur le Sud-Ouest, la musique est venue s'ajouter à notre plaisir : d'abord la merveilleuse voix de Magdalena Kogena dans l'aria Sol da te mio amore, de L'Orlando Furioso, (Magdalena Kozena est l'une des plus belles voix actuelles), puis l'andante du concerto 17 de Mozart par Piotr Anderszewski (je suis totalement fan)et l'orchestre de chambre d'Ecosse, qu'il dirigeait du piano. et enfin la suite pour violoncelle n°4 de Bach par Jean Guilhem Queyras. Tout ce que j'aime, que demander de plus?
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